C’est l’indignation au sein des organisations de consommateurs de Côte d’Ivoire. Comment du riz avarié, refoulé aux ports de Conakry en Guinée, de Lomé au Togo et de Tema au Ghana, a-t-il pu se retrouver dans les entrepôts du port d’Abidjan à la mi-mars dernier ? Qui a bien pu autoriser le débarquement de ces 18 mille tonnes de riz avarié ?
Doukoua Godé, président de la Fédération Nationale des consommateurs de Côte d’Ivoire (FAC-CI), a donné l’alerte aux autorités ivoiriennes, suite à des informations reçues du Burkina Faso et du Togo.
Son organisation va demander au procureur de la République d’ouvrir une enquête sur cette affaire : "Nous allons demander au Procureur de la république de porter plainte contre tous les acteurs qui sont impliqués dans l’importation de ce riz à Abidjan.Les textes en Côte d’Ivoire prévoient que toute personne qui importe des produits de mauvaise qualité, des produits impropres à la consommation, doit être poursuivie".
La classe politique a également réagi. Nathalie Yamb du parti Lider, le parti de Mamadou Koulibaly, dénonce le débarquement de ce riz avarié au port d’Abidjan et se demande comment cela a-t-il pu se faire.
"Comment peut-on décharger à Abidjan un riz qui a été refoulé aux ports de Conakry, de Lomé et de Tema et qui n’était même pas destiné au port d’Abidjan ? Qui a pris la décision de faire rentrer ce riz en Côte d’Ivoire ? Ça doit être quelqu’un de très haut".
Nathalie Yamb déplore qu’aucune sanction n’ait jusque là été prise contre les responsables du débarquement de ce riz au port d’Abidjan :
"Je trouve ahurissant de la part du gouvernement que l’on puisse laisser entrer sur le territoire des cargaisons dangereuses de riz et que cela ne soit pas suivi de sanctions. Ni contre l’importateur, ni contre les douanes ni contre le port d’Abidjan".
Cette affaire en rappelle une autre, celle du Probo Koala, ce navire qui avait déversé en 2006 des déchets toxiques au port d’Abidjan.
"Malheureusement, on n’a pas tiré les leçons de ce mauvais souvenir qu’est le Probo Koala dont les conséquences sont encore visibles. Certaines personnes sont toujours malades du fait de ces déchets toxiques. On continue d’agir comme si rien ne s’était passé il y a quelques années", explique Doukoua Godé.
En dépit de l’opération de destruction commencée le 16 avril dernier, les organisations de consommateurs redoutent qu’une partie de ce riz avarié ne soit déjà sur le marché.