Le roi d'Eswatini, Mswati III, lors de sa première apparition publique depuis le début d'une violente contestation anti-régime dans son royaume, a nommé vendredi un nouveau Premier ministre, alors que de nouveaux incidents ont éclaté, selon un correspondant de l'AFP.
Ce pays enclavé d'Afrique australe a récemment été secoué par une série de heurts entre policiers et manifestants pro-démocratie. La répression à huis clos des manifestations a fait "au moins 50 morts", selon n la chaîne sud-africaine SABC.
L'ancien directeur de la caisse publique de retraite, Cleopas Dlamini, est chargé de "ramener le pays à la normale, le restaurer et ressusciter l'économie", a déclaré Mswati III devant ses sujets.
Habillé en tenue traditionnelle, un tissu noué sur l'épaule et installé dans un fauteuil doré planté dans l'herbe, le roi s'est exprimé depuis le village royal de Ludzidzini, à une vingtaine de km de la capitale Mbabane.
Mswati III avait invité ses sujets à débattre de la situation lors d'un forum ouvert appelé "sibaya". La télévision nationale a montré des images de nombreux sujets sagement assis dans l'herbe, visiblement sans récrimination contre le roi.
Mais peu avant cette réunion publique, des coups de feu ont éclaté dans les rues de Manzini, la deuxième ville du pays située non loin, lors d'une nouvelle manifestation contre le régime, a constaté un correspondant de l'AFP. Les manifestants se sont mis à fuir en courant.
Selon des militants pro-démocratie, parmi plusieurs milliers de personnes rassemblées, deux ont été blessées et 15 arrêtées. Contactée par l'AFP, la police a refusé de confirmer.
Un calme précaire était retombé sur le pays ces derniers jours. Le mouvement qui couvait depuis un moment est monté en puissance fin juin-début juillet. Des manifestants en colère ont pillé et brûlé des magasins, ciblant des propriétés appartenant au roi.
Dans ce pays anciennement appelé Swaziland, le roi nomme les ministres, contrôle le Parlement et les partis politiques sont interdits depuis près de 50 ans.
Couronné en 1986 à l'âge de 18 ans, Mswati III, qui a 15 épouses et plus de 25 enfants, est décrié pour sa poigne de fer et son train de vie fastueux dans un pays dont les deux tiers des 1,3 million d'habitants vivent sous le seuil de pauvreté.