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Le Sénat américain à couteaux tirés sur la question cruciale de l'accès au vote


Le sénateur américain Joe Manchin (démocrate de la Virginie-Occidentale) parle aux journalistes alors qu'il quitte le Capitole des États-Unis, le 10 juin 2021.
Le sénateur américain Joe Manchin (démocrate de la Virginie-Occidentale) parle aux journalistes alors qu'il quitte le Capitole des États-Unis, le 10 juin 2021.

Le Sénat américain s'attaque mardi à l'un des sujets les plus importants pour la démocratie et qui divise profondément républicains et démocrates: le droit de vote et les différents modes d'accès aux urnes, au coeur des contestations du résultat de 2020 par Donald Trump.

"Coup de force" démocrate pour s'emparer du pouvoir "pour toujours" contre tentative "coordonnée" républicaine de restreindre le droit de vote, en visant particulièrement les minorités et les jeunes.


Les deux chefs de partis au Sénat se sont renvoyé à la figure mardi leurs visions d'un projet de réforme électorale, présenté par les démocrates dans un pays encore sous le choc de l'assaut meurtrier du Capitole par des partisans de Donald Trump qui niaient, comme lui, la victoire du démocrate Joe Biden.


Des mots particulièrement forts pour un simple vote de procédure, attendu vers 17H30 (21H30 GMT), et dont l'issue est déjà connue.


L'étroite majorité démocrate, des dissensions internes et l'opposition en bloc des républicains garantissent l'échec de ce vote, censé simplement permettre l'ouverture des débats sur le fond de la réforme.


Sans attendre, la sphère politique s'est déjà enflammée autour de cette priorité du président démocrate, qui dit ainsi vouloir contrer les attaques "absolument sans précédent" contre le droit de vote des minorités, menées selon lui par les républicains.


"Il y a quelque chose de pourri au coeur du parti républicain actuel. Le grand mensonge de Donald Trump s'est répandu comme un cancer", a tonné le chef des sénateurs démocrates Chuck Schumer.


Ce "mensonge", ce sont les multiples accusations de fraudes électorales que l'ex-président républicain a lancé, sans fondement, à propos de la présidentielle de 2020.


Plus d'options pour déposer son bulletin --vote anticipé, par correspondance, avec des délais parfois étendus, ou des urnes accessibles dans la rue-- avaient alors été autorisées à cause de la pandémie.


Toutes ses accusations de tricheries massives ont été rejetées, y compris par des juges nommés par l’administration Trump.


Mais cinq mois après avoir quitté la Maison Blanche, le milliardaire n'a toujours pas reconnu explicitement la victoire de Joe Biden.


"Cela a empoisonné notre démocratie, sapé notre foi dans les élections", a affirmé Chuck Schumer, en citant en exemple les centaines de projets de lois présentés depuis dans des Etats républicains afin, disent-ils, d'empêcher ces fraudes supposées.


Les "assemblées républicaines mènent la tentative la plus coordonnée en 80 ans de restreindre le vote", a-t-il accusé.

"Pour toujours"

La gigantesque réforme électorale proposée par les démocrates ("For the people Act") prévoit notamment d'élargir les possibilités de s'inscrire sur les listes électorales, y compris le jour même du scrutin, et d'accéder aux urnes, en inscrivant dans la loi le vote par anticipation et correspondance.


Le texte reprend des propositions démocrates bien antérieures à l'élection de 2020. Il avait été approuvé sans aucun soutien républicain à la Chambre des représentants en mars.


Au Sénat, le démocrate conservateur Joe Manchin n'est pas en faveur de toute la réforme et négociait encore mardi matin des modifications, soutenues par l'ex-président Barack Obama et Stacey Abrams, figure de la lutte contre les restrictions au droit de vote des minorités.


Point difficile à faire passer dans son parti, il réclame notamment d'inclure l'obligation pour les électeurs de s'identifier, une mesure dénoncée par certains comme discriminatoire dans ce pays où les cartes d'identité ne sont pas obligatoires.


Pour le chef des sénateurs républicains Mitch McConnell, le projet de réforme n'est qu'une "tentative" des démocrates "de faire pencher toutes les élections américaines en leur faveur pour toujours", en permettant au pouvoir fédéral de s'immiscer dans les lois des Etats.


Il a aussi dénoncé ceux qui, chez les démocrates, appellent à pulvériser la règle exigeant 60 voix pour surmonter les votes de procédures, avant de parvenir au vote final à majorité simple (51).


Une option qui reste toutefois très improbable à ce jour puisque plusieurs des 50 sénateurs démocrates s'y opposent.

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