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Le Sénégal attend le discours du président pour dégager l'horizon politique


Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye à Abuja, au Nigeria, le 7 juillet 2024. Kola Sulaimon / AFP
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye à Abuja, au Nigeria, le 7 juillet 2024. Kola Sulaimon / AFP

Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye doit s'adresser à la nation jeudi soir pour dégager l'horizon politique plus de cinq mois après son entrée en fonction sur la promesse d'un changement profond.

Le chef de l'Etat peut décider à partir de jeudi de dissoudre le Parlement hostile au pouvoir, et convoquer des élections législatives anticipées qui pourraient lui donner la majorité nécessaire pour mettre en place sa politique, selon le délai imparti par la Constitution. Il s'exprimera jeudi à 20H00 (locales et GMT), a annoncé la télévision nationale RTS, qui n'a pas précisé le thème de son allocution.

Élu en mars 2024 sur une promesse de changement profond, le chef de l'Etat âgé de 44 ans, chantre d'un panafricanisme de gauche et du souverainisme, suscite d'immenses attentes parmi la jeunesse de ce pays ouest-africain où les trois quarts de la population ont moins de 35 ans. Mais les nouvelles autorités n'ont toujours pas engagé de chantier majeur, certains justifiant cette inaction par l'absence de majorité au Parlement.

Comme sous le régime de l'ex-président Macky Sall, des milliers de Sénégalais continuent de tenter de rejoindre l'Europe malgré les périls, principalement via l'archipel espagnol des Canaries. Et les tragédies se succèdent. Encore cette semaine, au moins 36 candidats à l'émigration clandestine sont morts dans un naufrage de leur embarcation au large de la grande ville portuaire de Mbour.

"Le gouvernement travaille d'arrache-pied à mettre en œuvre des politiques publiques adéquates pour donner du travail aux jeunes ici au Sénégal et les inviter à la reconstruction de notre pays", a déclaré le chef de l'Etat mercredi à Mbour. Mais les jeunes, particulièrement touchés par le chômage, et l'ensemble de la population doivent comprendre que la situation "ne peut être résolue du jour au lendemain", a-t-il reconnu.

Obstruction parlementaire

Les antagonismes pouvoir/opposition ont entravé l'action gouvernementale depuis la prise de fonction des nouvelles autorités. Le Premier ministre Ousmane Sonko, 50 ans, n'a pas encore prononcé de discours de politique générale devant l'Assemblée, malgré une menace de motion de censure déposée par le camp de l'ancien régime. Après des jours d'atermoiement, les nouvelles autorités ont finalement annoncé que ce discours aurait lieu vendredi. L’Assemblée avait également rejeté début septembre un projet de dissolution de deux institutions consultatives, entraînant un bras de fer entre l’exécutif et la 14e législature.

Le gouvernement a toutefois lancé des audits dans tous les secteurs sur la gestion de l'argent public sous l'ancienne présidence. Il a aussi baissé les prix de produits comme le riz, le sucre, l'huile, a suspendu des constructions sur le littoral, et ouvert un vaste chantier de la réforme de la justice. Mais pour l'opposition, le nouveau régime n'a pas de projet politique et mène une gouvernance sans direction. Elle dénonce une chasse aux sorcières qui cible des responsables de l'ancien régime.

 L'analyste politique Hamidou Anne explique le rejet de la révision de la Constitution au Sénégal
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L'opposition apparaît affaiblie depuis la victoire à la présidentielle de Bassirou Diomaye Faye, élu dès le premier tour avec 54,28% des voix, estime Alassane Beye, analyste politique. Mais l'ex-coalition au pouvoir compte encore des ressources pour obtenir de bons résultats aux prochaines législatives, assure-t-il. L'ex-Premier ministre Amadou Ba, arrivé deuxième à la présidentielle, a annoncé le lancement de son parti lundi.

S'il dissout l'Assemblée nationale, M. Faye aura entre 60 jours au moins et 90 jours au plus pour organiser des élections parlementaires anticipées, selon la Constitution. Le parti au pouvoir, Pastef-Les Patriotes, partirait favori pour les prochaines élections, même si le contexte a changé depuis la présidentielle qui s'apparentait à un référendum pour la rupture ou la continuité, analyse M. Beye.

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