Le second tour de la présidentielle en Sierra Leone, prévu mardi, a été repoussé au samedi 31 mars, a annoncé lundi la Commission électorale nationale (NEC), malgré le rejet par la justice d'un recours demandant le report du scrutin.
Avant même ce rebondissement, le second tour s'annonçait déjà très indécis entre le candidat du pouvoir, Samura Kamara, homme lige du président sortant Ernest Bai Koroma, et celui de l'opposition, l'ancien général Julius Maada Bio, après une campagne tendue dans ce pays très pauvre d'Afrique de l'Ouest gangrené par la corruption.
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La Haute cour de Sierra Leone, qui a ordonné samedi à la Commission électorale nationale (NEC) de suspendre les préparatifs du scrutin, a levé l'injonction en début d'après-midi.
Mais "en raison des retards logistiques dus à cette injonction, le vote ne peut se tenir le 27 mars comme prévu", a annoncé la NEC en début de soirée, ajoutant que les quelque 3,1 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes le 31 mars.
"Il y a des défis logistiques mais nous pensons être en mesure de les surmonter d'ici à l'élection", a ensuite déclaré son président, Mohamed Conteh, à l'issue d'une réunion en présence des deux candidats et des observateurs nationaux et internationaux.
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Le candidat du principal parti d'opposition, le SLPP, Julius Maada Bio, avait accusé dimanche le président Koroma, qui ne pouvait plus se représenter après deux mandats, de "pousser la Sierra Leone au bord du chaos" par des manoeuvres dilatoires.
Battu par M. Koroma en 2012, M. Bio espère tenir sa revanche, après avoir devancé de peu au premier tour le 7 mars économiste de formation, ancien ministre des Affaires étrangères et homme lige du président sortant, avec 43,3% des suffrages contre 42,7 %.
"Nous avons donné notre accord pour des élections le 31 mars. Rien ne nous empêcheras de les tenir", a-t-il déclaré devant les journalistes en sortant de la réunion convoquée par la NEC.
M. Kamara s'était pour sa part "réjoui que la justice s'assure que la NEC mette au clair les décalages et irrégularités de l'élection du 7 mars avant le second tour".
Lundi soir, il a lancé un appel pour que "le peuple reste pacifique". "Nous avons deux candidats, il revient au peuple de choisir", a-t-il ajouté, en disant avoir "confiance en la NEC en tant qu'institution publique".
84 % de participation
La Cour a également donné lundi des instructions à la NEC pour assurer la transparence et l'intégrité des résultats, notamment la communication des procès-verbaux aux représentants des deux partis et leur affichage dans chaque bureau de vote.
Quelque 250 personnes et une quarantaine d'avocats se sont pressés en début d'après-midi dans la salle d'audience pleine à craquer. A l'annonce de la décision, des cris de joie ont fusé des rangs du public.
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A l'extérieur, les caméras de télévision étaient maintenues à distance par une trentaine de policiers, dont certains casqués et armés de fusils automatiques, déployés autour du bâtiment de style colonial à la façade blanche décrépie. Mais la journée s'est déroulée sans incident.
Dans son recours, un juriste appartenant à l'APC, le parti au pouvoir, Ibrahim Sorie Koroma, a dénoncé des fraudes électorales, exigeant qu'elles fassent l'objet d'une enquête avant la tenue du second tour.
Les missions d'observateurs étrangers et de la société civile, notamment celle de l'Union européenne, avaient salué le bon déroulement du scrutin, qui combinait élections présidentielle, législatives et locales, marqué par une participation atteignant le niveau exceptionnel de plus de 84%.
La campagne pour le second tour était repartie sur les bases de la fin de celle du premier, avec un recours de plus en plus manifeste à la carte régionale et ethnique, selon des analystes.
En l'absence de sondages crédibles, tout pronostic sur le vainqueur s'annonce hasardeux. L'issue est d'autant plus incertaine que si l'opposition a viré en tête à la présidentielle, l'APC frôle la majorité absolue à l'Assemblée nationale, selon les résultats des législatives, 7 des 132 sièges doivent encore être attribués à l'issue de nouveaux comptages et d'une annulation.
Le bilan de l'administration Koroma est contrasté.
Si elle a réussi à attirer les investisseurs pour reconstruire le pays, dévasté par la guerre civile (1991-2002) qui a fait quelque 120.000 morts, l'économie reste fragile après les chocs de l'épidémie d'Ebola en 2014-2016 et de la chute des cours mondiaux des matières premières. Et la corruption a continué à prospérer.
Avec AFP