Le Soudan s’insurge contre son maintien sur la liste des six pays majoritairement musulmans visés par le nouveau décret du président américain Donald Trump sur l’immigration. Les réfugiés vivant dans les camps au Kenya, eux, se disent désespérés.
La mesure suspend pour 90 jours l’admission aux Etats-Unis des ressortissants de six pays majoritairement musulmans, la Syrie, l'Iran, le Yémen et, en ce qui concerne l’Afrique, la Libye, la Somalie et le Soudan. Il gèle pour 120 jours l’arrivée de tous les réfugiés sans distinction d’origine.
« Les citoyens soudanais n’ont jamais été liés à aucun crime ou acte terroriste commis aux Etats-Unis », souligne, dans un communiqué, le ministère soudanais des Affaires étrangères.
Khartoum est d’autant plus irrité qu’il avait amorcé, depuis quelques années, un processus de normalisation avec Washington. La levée partielle, par l’ancien président Barack Obama, des sanctions américaines, avait fait espérer un dénouement rapide de ce dossier, explique Mohamed Naji, rédacteur en chef de Sudan Tribune, joint à Paris.
Une normalisation remise en cause
En décembre ou un peu avant, le Département d'Etat avait publié un communiqué de presse louant les efforts de Khartoum, reconnaissant la coopération de Khartoum avec les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme, rappelle Mohamed Naji. Un autre communiqué avait salué la décision du Soudan de faciliter l'accès des organisations humanitaires aux zones ravagées par la guerre, a-t-il ajouté.
Selon le rédacteur en chef de Sudan Tribune, Les deux pays étaient "en train de travailler pour préparer la levée des sanctions qui doit avoir lieu normalement, si tout va bien, à la fin du mois de juin." Les autorités soudanaises se demandent dont s'il y a "un recul dans le processus, d'autant plus que le nouveau décret du président Trump classe le Soudan parmi les pays soutenant le terrorisme, explique Mohamed Naji sur VOA Afrique.
Le désespoir des réfugiés
Dans les camps de réfugiés du Kenya, l’inquiétude est vive. Chelia Rose, jeune Sud-Soudanaise de 25 ans, qui vit dans le camp kenyan de Kakuma depuis 15 ans, espérait venir étudier aux Etats-Unis, puis retourner aider son pays d’origine.
« Les personnes désespérées gardent encore espoir. Cette interdiction leur fera perdre cet espoir. Je ne me sens pas bien parce ce que je n’aurai pas cette chance, alors que j’espérai l’avoir pour réaliser mon rêve », se lamente la jeune femme.
Maintenir la Somalie sur la liste noire ne peut que nuire aux efforts antiterroristes contre les militants d’al-Sahab, estime pour sa part Mohamed
Abdullahi, étudiant somalien vivant à Nairobi . « Une fois que vous ajoutez la Somalie à la liste, cela renforcera l’idéologie d’al-Shabab. Le groupe dira : si les Etats-Unis, qui soutiennent votre gouvernement, vous interdise de visiter leur pays, que feront-ils d’autres ? Al-Shaba aura ainsi de nouvelles recrues », avertit l’étudiant somalien.
Diverses organisations de défense des droits humains disent que le nouveau décret du président Donald Trump fait des réfugiés des boucs émissaires et signale aux musulmans qu’ils ne sont pas les bienvenus aux Etats-Unis.
Pour les autorités américaines, il s’agit, avant tout, de renforcer la sécurité nationale des Etats-Unis.