Encore peu fréquenté par les touristes français, le continent africain suscite cependant un intérêt grandissant: "cette année, ce sont les destinations africaines qui ont eu la plus forte croissance au sein de Voyageurs du Monde", souligne auprès de l'AFP Jean-François Rial, PDG du groupe qui comprend les marques Terres d'Aventure, Comptoir des Voyages ou encore Allibert Trekking.
Citant notamment l'Afrique du Sud, la Tanzanie, la Namibie ou l'Ethiopie, il met en avant "l'envie de grands espaces, de nature et d'animaux sauvages", et aussi "des prestations chères mais impeccables", observant qu'il s'agit "souvent de tourisme très haut-de-gamme".
Certaines destinations africaines n'en sont encore qu'aux balbutiements en termes de tourisme. C'est le cas du Tchad: pour sa première participation au salon professionnel Top Resa de Paris, jusqu'à vendredi, N'Djamena a spécialement dépêché sa ministre du Développement touristique, de la Culture et de l'Artisanat.
"Nous voulons changer l'image du Tchad, un travail a été fait dans la région pour plus de stabilité", résume Madeleine Alingué, qui reconnaît se lancer dans "un travail initiatique, de reconnaissance et de localisation" de son pays.
En pleine crise économique, le Tchad reste aussi associé aux attaques menées par des groupes djihadistes, dont Boko Haram, qui opèrent au Sahel.
"Nous sommes dans une nouvelle dynamique, avec l'instauration d'une quatrième République en mai. Nous voulons nous ouvrir au tourisme d'aventure, donner de la visibilité à nos sites inscrits au patrimoine de l'Unesco" - soit les lacs d'Ounianga et le massif de l'Ennedi aux impressionnantes falaises sculptées.
"Parcs nationaux, faune et flore: nous avons tout un potentiel à valoriser, vante la ministre, rappelant que c'est aussi au Tchad qu'a été découvert Toumaï, crâne d'hominidé considéré par certains scientifiques comme le premier représentant de la lignée humaine.
Après presque dix ans d'absence, la Mauritanie fait son retour dans le salon cette année: au printemps 2017, le quai d'Orsay a allégé ses restrictions de voyage pour plusieurs zones du pays, classées en "rouge" depuis des années en raison des menaces terroristes.
- "Un touriste fait vivre une famille" -
Aujourd'hui, 22 tour-opérateurs français proposent de nouveau la destination dans leurs brochures: "nous avons du littoral, du fluvial, du désert et de la savane, c'est idéal pour des randonnées, du trekking, du bivouac et pour découvrir la vie nomade", argue Mahmoud Ba Ould Ne, directeur général de l'office national du tourisme.
Il insiste sur "la stabilité sécuritaire" et met aussi en avant un tourisme "intelligent", avec "un impact direct sur la vie des gens, des villages. On dit qu'un touriste qui fait une randonnée fait vivre une famille entière pendant toute une saison".
Au Bostwana, quelques milliers de touristes français seulement sont recensés chaque année, très loin derrière les Américains et Britanniques, "et nous voulons mieux nous faire connaître", indique Dawn Wilson, responsable marketing international de l'office du tourisme.
Le pays, qui a misé sur le tourisme haut-de-gamme, a dédié 38% de son territoire aux réserves et parcs nationaux, et concentre notamment près de la moitié de la population mondiale d'éléphants de savane.
Même Airbnb indique connaître une croissance rapide sur le continent: "au cours de dernières années, des destinations à travers l'Afrique ont émergé pour compter parmi les destinations les plus dynamiques au monde", a indiqué la plateforme de location entre particuliers au cours d'une conférence organisée mi-septembre au Cap, en Afrique du sud.
Elle souligne avoir enregistré "à ce jour plus de 3,5 millions d'arrivées voyageurs sur Airbnb à travers l'Afrique, dont environ la moitié au cours des 12 derniers mois uniquement".
Et parmi les huit pays qui connaissent la croissance la plus rapide au monde en nombre de voyageurs via Airbnb, "trois sont situés en Afrique: le Nigeria, le Ghana et le Mozambique".
Avec AFP