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"Le temps est compté" à Alep-Est en Syrie selon l'émissaire de l'ONU


Des rebelles passent des bâtiments en ruine à al-Rai town, au nord d'Alep, Syrie, le 2 octobre 2016.
Des rebelles passent des bâtiments en ruine à al-Rai town, au nord d'Alep, Syrie, le 2 octobre 2016.

L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura a prévenu dimanche à Damas que "le temps (était) compté" pour l'est d'Alep, secteur rebelle de la ville soumis à des bombardements meurtriers du régime syrien.

"Le temps est compté et nous menons une course contre la montre", a affirmé M. De Mistura aux journalistes à Damas, quelques heures après avoir rencontré le chef de la diplomatie syrienne Walid Mouallem.

Environ 250.000 personnes vivent assiégées depuis quatre mois dans les quartiers est de la deuxième ville syrienne qui sont administrés par des rebelles opposés au président syrien Bachar al-Assad. Elles sont soumises à des bombardements intensifs du régime qui ont "horrifié" l'ONU.

"Ce que nous entendons de nos collègues (dans les agences) humanitaires est que, particulièrement à Alep-Est mais aussi dans d'autres parties de la Syrie, il y a une crainte grandissante qu'il y ait une accélération des activités militaires au lieu des initiatives humanitaires ou politiques", a poursuivi M. de Mistura.

"D'ici Noël, en raison de l'intensification des opérations militaires, on verra un écroulement de ce qui reste à Alep-Est et vous pourriez avoir 200.000 personnes fuyant vers la Turquie, ce qui serait une catastrophe humanitaire", a-t-il mis en garde.

L'envoyé spécial de l'ONU a affirmé avoir exprimé sa "profonde inquiétude" et partagé avec M. Mouallem "l'indignation internationale" concernant ces bombardements, qualifiant les raids contre des hôpitaux d'Alep-Est de "tragiques".

"On devrait peut-être être autorisé à envoyer des équipes de la part de l'ONU et d'autres partenaires pour vérifier les dégâts des hôpitaux aussi bien à Alep-Est qu'à Alep-Ouest", a-t-il suggéré, sans préciser s'il a fait une demande en ce sens auprès des autorités syriennes.

Depuis mardi, un déluge de roquettes, d'obus et de barils d'explosifs a provoqué la mort d'au moins 107 civils identifiés, dont 17 enfants, à Alep-Est, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Des hôpitaux et des centres de secouristes ont été touchés, d'après des ONG, des militants et le correspondant de l'AFP sur place.

L'émissaire a également exprimé son inquiétude concernant les victimes civiles à Alep-Ouest, zone contrôlée par le régime et où huit enfants ont été tués par des tirs sur leur école.

"Dans Alep-Est et Alep-ouest, les gens souffrent et ce sont tous des Syriens", a-t-il dit.

M. de Mistura a par ailleurs confirmé le refus de Damas de reconnaître une "administration autonome" rebelle à Alep-Est, une des propositions de l'envoyé de l'ONU pour débloquer l'impasse humanitaire.

Il a rappelé que le plan de l'ONU pour Alep préconisait l'arrêt des bombardements des deux côtés, le départ des jihadistes du Front Fateh al-Cham (ex-Front Al-Nosra, ex-branche d'Al-Qaïda) de la ville, ainsi que de tout combattant et civil qui le souhaite, et le maintien de l'administration locale de l'opposition à Alep-Est.

Mais quelques heures auparavant, M. Mouallem a catégoriquement refusé cette dernière idée.

"On lui a dit qu'on rejetait complètement cette (idée)", a indiqué le ministre syrien, se demandant comment "est-il possible que l'ONU vienne récompenser les terroristes", terme utilisé par Damas pour désigner rebelles opposés à son autorité et jihadistes.

"Ma réponse est que je respecte le principe que personne à l'ONU ou ailleurs ne doit remettre en question la souveraineté nationale de la Syrie", s'est borné à dire M. de Mistura, sans plus d'explications.

Damas semble déterminé à reprendre coûte que coûte la partie est d'Alep qui lui échappe depuis 2012. La grande métropole du nord de la Syrie est le principal front de la guerre qui a fait plus de 300.000 morts depuis 2011.

Avec AFP

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