Si les rapports précédents de cet organisme de défense des droits de l'Homme se concentraient sur les zones de conflit, celui de l'année 2015 s'ouvre sur la crise des migrants et les mesures prises en Europe dans la foulée des attentats en France.
"Les craintes d'attaques terroristes et l'impact potentiel d'un afflux de réfugiés ont mené à une réduction visible des droits de l'Homme en Europe et dans d'autres régions", juge Kenneth Roth, le directeur de l'organisation dans une étude de plus de 650 pages parue mercredi 27 janvier 2016.
L’imposition de l’état d’urgence en France dans la foulée des attentats du 13 novembre à Paris "soulèvent des inquiétudes" quant aux libertés de mouvement, d'association et d'expression, estime HRW qui s'inquiète aussi des méthodes de la police française quand elles se basent sur l'apparence (délit de faciès).
En faisant des musulmans et des réfugiés des "boucs émissaires", les pays occidentaux risquent en fait de s'aliéner "des populations cruciales à leurs efforts antiterroristes."--Kenneth Roth, Directeur Exécutif de Human Rights Watch
Kenneth Roth tacle aussi "une islamophobie flagrante et une diabolisation sans honte des réfugiés" aux Etats-Unis, où le candidat à l'investiture républicaine à la Maison Blanche Donald Trump a suggéré de fermer les frontières aux musulmans, mais aussi en Europe, où des élus affirment craindre de voir des djihadistes infiltrer les migrants venus de Syrie ou d'Afghanistan.
"Dans une grande mesure, la préoccupation de l'Europe concernant les nouveaux réfugiés comme menace terroriste est une distraction dangereuse par rapport à son propre extrémisme violent, car les assaillants de Paris sont majoritairement des citoyens belges et français", ajoute-t-il, estimant que "l'exclusion sociale" dans les banlieues européennes est l'une des causes de la radicalisation.
HRW préconise une "alternative plus humaine" pour empêcher la mort en Méditerranée de migrants et ce, en augmentant le nombre de visas délivrés au Liban et au Pakistan, voisins respectivement de la Syrie et de l'Afghanistan, pays d'où viennent le plus grand nombre de demandeurs d'asile pour le continent européen.
AFP