L'Iran fait néanmoins face à plusieurs groupes insurgés à l'origine ou suspectés d'attaques sur son sol.
Le groupe djihadiste État islamique (EI) a revendiqué l'attaque de samedi. Mais Téhéran a mis en cause le "Front populaire et démocratique des Arabes d'Ahvaz" (FPDAA), un groupe séparatiste qui, en retour, a nié toute implication malgré une revendication en son nom diffusée sur une chaîne satellitaire iranienne basée à Londres.
Le Front populaire et démocratique des Arabes d'Ahvaz
Cette organisation réclame la séparation de cette région à majorité arabe d'Ahvaz, dans la province pétrolifère du Khouzestan frontalière de l'Irak.
Ce n'est pas la première fois que les autorités iraniennes accusent ce groupe d'être à l'origine de violences dans une région peuplée majoritairement d'Arabes, alors que ces derniers représenteraient environ 3% de la population iranienne.
En 2005, Téhéran avait ainsi accusé le FPDAA d'être responsable d'une série d'affrontements ethniques et d'attentats à la bombe.
Le groupe avait nié toute responsabilité. "Nous le démentons. Nous sommes une organisation politique et, en 15 ans de lutte contre le régime (iranien), nous n'avons jamais utilisé la moindre arme, pas même une fois", avait déclaré à l'AFP son porte-parole, Mahmoud Ahmad al-Ahwazi.
Dans un communiqué publié sur son site, le groupe a de nouveau nié toute implication dans l'attentat de samedi, accusant les autorités de Téhéran de l'avoir commandité.
Le groupe Etat islamique (EI)
L'EI a revendiqué sa première attaque en Iran le 7 juin 2017. Des hommes armés et des kamikazes avaient alors attaqué à Téhéran le Parlement et le mausolée du fondateur de la République islamique, l'imam Khomeiny, faisant 17 morts et des dizaines de blessés.
Dans une vidéo publiée en mars 2017, l'organisation sunnite avait menacé d'agir en Iran en représailles au soutien militaire et logistique apporté par Téhéran aux autorités syriennes et irakiennes, deux pays où le groupe EI a perdu l'écrasante majorité des territoires qu'il avait conquis.
Joundallah ("soldats de Dieu")
Ce groupe sunnite extrémiste mène depuis 2000 une rébellion sanglante contre la République islamique, qui est à 90% d'obédience musulmane chiite. Il appartient à l'ethnie baloutche, qui représente une importante part de la population de la province du Sistan-Balouchistan (sud-est), frontalière du Pakistan et de l'Afghanistan. Le groupe dispose de bases arrière dans ces deux pays.
Téhéran a toujours accusé Joundallah d'être entraîné et équipé par les services de renseignement américains, israéliens, britanniques mais aussi pakistanais dans le but de déstabiliser le pouvoir central.
Le 15 décembre 2010, Joundallah a revendiqué un attentat suicide contre des fidèles chiites réunis à Chabahar (sud-est) pour Achoura, la plus grande fête religieuse chiite, qui a fait 34 morts et plus de 80 blessés.
Le 15 juillet de la même année, un attentat contre une mosquée chiite à Zahedan (sud-est) avait fait 28 morts et plus de 250 blessés. Le chef de Joundallah, Abdolmalek Righ, avait été pendu le mois précédent.
En octobre 2009, 42 personnes avaient été tuées à Pishin, ville proche de la frontière pakistanaise, par Joundallah. Parmi elles se trouvaient plusieurs officiers des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique.
Les rebelles kurdes
Téhéran impute plusieurs attentats à des "groupes contre-révolutionnaires" actifs dans le nord-ouest de l'Iran, notamment le PDKI (Parti démocrate du Kurdistan d'Iran, le plus ancien parti autonomiste kurde d'Iran) et le PJAK (Parti pour une vie libre du Kurdistan, lié au PKK turc). Les autorités accusent régulièrement Washington de les soutenir.
Le 20 juillet, quelque 10 membres des Gardiens de la révolution ont péri dans une attaque contre l'une de leurs bases à Dari, dans le nord-ouest du Kurdistan iranien. L'attaque n'a pas été revendiquée.
Le 22 septembre 2010, 12 personnes avaient tuées et 81 autres blessées par l'explosion d'une bombe lors d'un défilé militaire à Mahabad, ville à forte population kurde de la province d'Azerbaïdjan occidental (nord-ouest), frontalière de l'Irak et de la Turquie. La plupart des victimes étaient des femmes et des enfants assistant à ce défilé pour le 30e anniversaire du déclenchement de la guerre Iran-Irak (1980-1988). L'Iran avait imputé l'attentat à des "éléments contre-révolutionnaires".
Après les attentats du 7 juin 2017 revendiqués par l'EI, Téhéran a multiplié les opérations antiterroristes visant particulièrement les régions du nord-ouest et du Kurdistan frontalières de l'Irak, ainsi que la minorité kurde. Quatre des cinq membres du commando de l'EI étaient des Kurdes iraniens.
Avec AFP