Ces noms autochtones leur avaient été "volés" lorsqu'ils avaient été enrôlés de force dans ces pensionnats pour y être assimilés à la culture dominante, a rappelé le ministre de l'Immigration Marco Mendicino lors d'un point presse.
"Ces enfants autochtones qu'on a volés à leurs familles pour les forcer à intégrer le système de pensionnats, on est allés jusqu'à voler leur propre nom", a souligné M. Mendicino, citant l'exemple d'une petite Masek rebaptisée Alice.
Or "nos noms sont l'une des premières choses que l'on reçoit. Ils sont individualisés, uniques, ils parlent de notre passé, ils honorent ceux qui nous ont précédés, et reflètent l'histoire de nos familles", a-t-il ajouté.
Les autochtones vont pouvoir demander que leur nom traditionnel soit utilisé sur leurs documents officiels d'immigration comme les passeports ou les certificats de résidence permanente. Cette mesure pourrait concerner "plusieurs centaines de milliers" de personnes au Canada, a précisé Marc Miller, ministre des Services aux autochtones.
La mesure répond à l'une des 94 demandes formulées en 2015 par une commission nationale d'enquête sur la question des pensionnats, qui avait conclu à un véritable "génocide culturel" de la part du Canada dans un rapport accablant.
Quelque 150.000 enfants amérindiens, métis et inuits ont été enrôlés de force jusque dans les années 1990 dans 139 pensionnats à travers le pays, où ils ont été coupés de leurs familles, de leur langue et de leur culture.
Plusieurs ont été soumis à des mauvais traitements ou à des abus sexuels, et plus de 4.000 y ont trouvé la mort, selon les conclusions de cette commission vérité et réconciliation.
La découverte fin mai, grâce à des fouilles par géo-radars, des ossements de 215 enfants près du pensionnat autochtone de Kamloops dans l'ouest du Canada, a provoqué une vive émotion dans tout le pays. Elle a également relancé les appels au gouvernement à accélérer le processus de réconciliation prôné par la commission d'enquête.