Les autorités ont renforcé la sécurité dans plusieurs quartiers de Douala, la capitale économique du Cameroun, suite aux récentes attaques des bandes organisées attribuées aux jeunes gens communément appelés « microbes ».
Depuis le mois dernier, ces derniers ont pris trois quartiers pour cibles.
L’attaque la plus récente a été enregistrée la semaine dernière au quartier Cité des Palmiers dans le cinquième arrondissement de Douala. Ces bandes organisées ont pris les débits de boissons pour cibles. Les victimes sont encore sous le choc.
« Ils se sont servis au comptoir pour environ 300.000 à 400.000 mille Francs CFA. Ils ont pris les téléphones des clients, l’argent, leurs portefeuilles et ils ont aussi blessé les gens comme ma collègue, dont on a cassé le bras. L’un d’eux m’a bloquée, ici, pour m’empêcher de sortir et m’a demandé de l’argent. Il m’a menacée d’une machette placée sur mon cou et j’ai obtempéré », témoigne une jeune femme qui s’exprime sous anonymat.
Quatre personnes ont été grièvement blessées et ont dû recevoir des soins.
« Ils étaient nombreux. Ils étaient armés de couteaux, de haches et même de gourdins. À leur arrivée, on a pris la fuite. Ils sont entrés dans le bar du voisin. C’est là qu'ils ont cambriolé et emporté de l’argent. Après, ils sont allés vers le carrefour de la mosquée. Sur le chemin, ils ont coupé le bras d’un vieil homme qui n’a pas voulu leur remettre son téléphone », raconte un autre témoin, la quarantaine révolue, qui a vécu la scène et raconte, sans s'identifier.
Le 20 septembre dernier, ces jeunes gens ont attaqué plusieurs personnes aux quartiers Bali et Bonapriso dans le premier arrondissement de Douala. Ils ont ôté la vie à un homme.
Depuis lors, « nous sommes sous la psychose de ce phénomène qui est très grandissant et ça fait peur en tant qu’habitant de Douala », confie un jeune opérateur économique qui vit dans la peur. « Imaginez-vous... Vous êtes en train de travailler et puis ils entrent de toutes parts et vous pointent les armes blanches », ajoute-t-il.
Des femmes âgées sont aussi paniquées et en colère.
« Nous n’avons pas la paix dans notre propre quartier. Nous ne pouvons rentrer chez nous au-delà de 20 heures. C’est fatiguant », s’alarme l’une d’elle.
« Dès 18 heures, nous allions déjà au lit. On fermait les portes de nos maisons et ils venaient nous agresser dans nos maisons. On avait perdu le sommeil », lâche une autre femme, le visage froncé.
Depuis le 9 octobre, 15 points fixes de contrôle de sécurité ont été créés dans les zones à risque de la ville de Douala.
« Les prisons aussi sont faites pour les mineurs, selon une réglementation précise. Mais lorsqu’un mineur tue, je ne vous dis pas le reste. Sachez que la ville de Douala est quadrillée et nous demandons que la population coopère. Les parents qui protègent les bandits n’ont qu’à pleurer parce qu’il n’y aura pas de pitié et les parents qui vont se dresser contre l’autorité de l’État seront associés aux forfaits de leurs enfants », a précisé Samuel Dieudonné Ivaha, gouverneur de la région du littoral, dont Douala est le chef-lieu. Il ne disculpe pas les jeunes appréhendés et responsables de ces attaques en bandes organisées.
Pour Antoine Awana, un expert en sécurité, le phénomène « des microbes » est un message qui s’adresse aux gouvernants.
« Ces jeunes se révoltent face à la bourgeoisie mercantile de ceux qui nous gouvernent. C’est un message très fort qu’ils envoient. Comment les gens peuvent distraire 5.000 milliards en 10 ans, alors que parmi ces jeunes, il y en a qui sont des diplômés de l’enseignement supérieur. On peut aussi comparer ce phénomène avec la crise anglophone. C’est ainsi qu’elle avait débuté en 2016 et on disait qu’il s’agissait de simples revendications corporatistes et on se retrouve aujourd’hui là-bas avec une guerre totale », explique-t-il.
Des opérations coup de poing sont également en cours à Douala contre la vente du carburant frelaté, la contrebande et la circulation des substances psychotropes.
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