"Au cours de l'année passée, on a enregistré 2.352 cas suspects de typhoïde au niveau national, et on ne peut pas dire à l'heure actuelle que la situation soit sous contrôle", a déclaré vendredi à l'AFP Portia Managazira, directrice du service du contrôle des maladies au ministère de la Santé.
Sur ces 2.352 cas, "85 ont été confirmés et il y a eu un total de 12 morts", essentiellement dans la capitale Harare, a-t-elle ajouté.
Le ministre de la Santé, David Parirenyatwa, a mis en cause les problèmes d'approvisionnement en eau à Harare, le ramassage irrégulier des ordures et l'encombrement des égouts pour expliquer cette épidémie.
"Notre plus grande peur est le choléra", a-t-il déclaré à la presse cette semaine. "On peut gérer, plus ou moins, la typhoïde. Mais le choléra serait simplement un cauchemar. Nous avons convenu d'interdire la vente de nourriture à la sauvette".
En 2008, au moins 4.000 personnes étaient mortes du choléra au Zimbabwe. L'épidémie avait éclaté au plus fort de la crise économique, qui avait forcé la plupart des hôpitaux publics à fermer faute de médicaments et de personnels partis à l'étranger.
Aujourd'hui encore, l'économie du Zimbabwe, pays dirigé d'une main de fer depuis 1980 par Robert Mugabe, tourne au ralenti et 90% de sa population active n'a pas d'emploi formel.
La crise économique, couplée à une grave sécheresse cette année, a favorisé le commerce florissant de "marchands d'eau", qui profitent du rationnement de l'eau par les autorités pour arrondir leurs fins de mois et vendent de l'eau dont la qualité n'est pas contrôlée.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), quelque 21 millions de personnes sont touchées par la fièvre typhoïde chaque année dans le monde, et plus de 200.000 en meurent.
La maladie est due à une bactérie, une salmonelle (Salmonella Typhi ou Paratyphi), transmise lors de l'ingestion d'aliments ou d'eau contaminés par des selles humaines. Elle sévit le plus souvent dans des zones où l'hygiène est précaire et frappe principalement les pays en voie de développement.
Par ailleurs, la deuxième ville du Zimbabwe appelle ses habitants à procéder à la crémation des enfants âgés de dix ans et moins, afin de lutter contre le manque d'espace dans les cimetières, a indiqué vendredi le maire de Bulawayo (sud).
"On manque de place", a déclaré à l'AFP Martin Moyo, maire de cette ville de quelque 650.000 habitants.
"On a abordé le sujet en conseil municipal et on a convenu, dans le cas où un enfant âgé de 10 ans ou moins meurt, de persuader la famille d'envisager la crémation", a-t-il ajouté.
"Nous avons cependant décidé que la crémation ne serait pas obligatoire", a-t-il précisé. "Nous procéderons aussi à la crémation des corps qui n'ont pas été réclamés", a-t-il encore dit.
Un cimetière de Bulawayo a été récemment fermé faute de place, un deuxième manque cruellement d'emplacements, tandis qu'un autre site, approuvé par les autorités, s'est finalement avéré inadapté en raison d'un terrain trop rocailleux, selon les autorités.
La crémation, surtout des adultes, se heurte à l'hostilité de la population, qui privilégie par tradition l'inhumation.
Avec AFP