Les avocats commis d'office pour défendre l'ex-président tchadien Hissène Habré devant un tribunal spécial africain à Dakar ont fait appel de sa condamnation à perpétuité pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre, a-t-on appris samedi de sources concordantes.
"Nous avons formalisé l'appel hier (vendredi)", alors que le délai arrivait à échéance 15 jours après le verdict prononcé le 30 mai, a précisé Me Sène.
"Une décision défavorable a été rendue, il était de notre devoir d'interjeter appel", a-t-il affirmé, interrogé sur l'éventuel consentement de l'accusé à cette démarche.
"Nous n'avons pas essayé de le contacter", a-t-il ajouté.
Le porte-parole des Chambres africaines extraordinaires (CAE), créées en vertu d'un accord entre le Sénégal et l'Union africaine (UA) pour juger le président tchadien déchu, a confirmé l'information, indiquant que le procès en appel devrait se conclure en avril 2017.
"Il faut attendre que la Chambre actuelle finisse de traiter la question des intérêts civils (pour une éventuelle indemnisation des victimes, NDLR)", a expliqué Marcel Mendy.
"La décision est attendue le 31 juillet 2016, donc c'est après cette décision-là que les juges qui vont siéger dans la Chambre d'appel seront désignés", a-t-il précisé.
Ils disposeront pour statuer de "sept mois à compter de leur installation officielle" en septembre ou octobre, donc d'ici avril 2017, a poursuivi le porte-parole des CAE.
Au terme de ce procès, le verdict sera définitif. En cas de condamnation, l'ex-président (1982-1990) purgera sa peine au Sénégal ou dans un autre pays de l'UA.
Les avocats choisis par Hissène Habré, qui ont boycotté le procès, conformément à ses instructions, ont annoncé une conférence de presse lundi à Dakar.
Arrêté le 30 juin 2013 au Sénégal où il s'est réfugié en décembre 1990 après avoir été renversé par un de ses anciens collaborateurs, l'actuel président Idriss Deby Itno, Hissène Habré a été reconnu coupable de crimes contre l'humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvement.
Ce procès est le premier au monde dans lequel un ancien chef d'État est traduit devant une juridiction d'un autre pays pour violations des droits de l'Homme. Une commission d'enquête tchadienne estime le bilan de la répression sous le régime Habré à 40.000 morts.
Avec AFP