"Le Barreau de Côte d'Ivoire demande solennellement aux juges ivoiriens d'accomplir leur mission en toute indépendance et impartialité", a affirmé le bâtonnier Me Thomas Zé N'Dri, dans une déclaration lue en public.
"L'actualité de ces derniers mois donne aux Ivoiriens des raisons d'une réelle inquiétude, tant le droit et la politique s'entrechoquent", a-t-il déclaré.
"Le juge ne doit recevoir d'ordre que de la loi", souligne le barreau de Côte d'Ivoire.
Un député de l'opposition Alain Lobognon, proche du président l'Assemblée nationale Guillaume Soro est emprisonné depuis le 15 janvier, pour des faits présumés de "propagation de fausses nouvelles".
Les avocats notent que "la Constitution prévoit que la détention ou la poursuite d'un membre du parlement est suspendue, si la chambre dont il est membre le requiert".
Dans une lettre ouverte, le député a déclaré entamer, il y a une semaine, une grève de la faim pour réclamer sa libération immédiate, se qualifiant de "prisonnier politique".
Cette déclaration des avocats intervient, deux semaines après la protestation de deux syndicats de magistrats ivoiriens, déplorant une "dégradation progressive de leurs conditions morales et psychologiques de travail en raison (...) de menaces, d'intimidations et d'immixtions dans l'exercice de leurs fonctions".
L'Union nationale des magistrats de Côte d'Ivoire (Unamaci) et l'Association syndicale de la magistrature (ASM), les deux syndicats du pays, ont condamné "avec la dernière énergie, ces immixtions intolérables dans l'exercice de leurs fonctions" et ont exhorté "tous les magistrats à resserrer leurs rangs en vue de faire face à toutes les agressions d'où qu'elles viennent".
Enfin les magistrats ont appelé le président ivoirien Alassane Ouattara, "garant constitutionnel de l'indépendance du pouvoir judiciaire, à prendre des mesures propres à faire respecter la séparation des pouvoirs et à faire cesser, par voie de conséquence, les graves intrusions de nature à ébranler les fondements de l'Etat de droit".
Avec AFP