Plus de trois ans et demi après le référendum de 2016 où le Royaume-Uni a voté à 52% pour le "Leave" et après trois reports de la date fatidique, le Premier ministre conservateur Boris Johnson souhaite faire adopter cette semaine par la Chambre des communes la loi d'application de l'accord de Brexit.
Loin des mois de psychodrame et de paralysie qui ont marqué 2019, c'est un Parlement tout acquis à la cause du chef du gouvernement qui poursuit l'examen du Brexit de Boris Johnson. Il dispose à la Chambre des communes de la plus forte majorité parlementaire pour les conservateurs depuis Margaret Thatcher dans les années 1980.
Le projet de loi, qui a passé haut la main le 20 décembre l'épreuve du premier vote, avec 358 voix pour (234 contre), doit de nouveau être soumis au suffrage des députés jeudi. Il peut d'ici là faire l'objet d'amendements, mais aucun bouleversement n'est attendu.
Une fois définitivement adopté par le Parlement britannique, après son passage à la Chambre des Lords et l'assentiment de la reine Elizabeth II, il ne restera plus à ce texte qu'à être ratifié par le Parlement européen.
Le Royaume-Uni quittera l'Union européenne le 31 janvier à 23h00 (heure locale et GMT), après 47 ans d'une vie commune mouvementée.
S'ouvrira alors une période de transition, censée permettre une séparation en douceur, durant laquelle les Britanniques continueront d'appliquer les règles européennes et d'en bénéficier - sans siéger dans les institutions européennes ni avoir leur mot à dire sur les décisions.
S'engageront surtout des discussions au pas de charge entre Londres et Bruxelles pour établir leur relation future et conclure un accord commercial.
- "Immense défi" -
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen se rend mercredi dans la capitale britannique pour s'entretenir avec Boris Johnson. Il s'agira de la première rencontre depuis la prise de fonction de Mme von der Leyen début décembre.
La dirigeante européenne pourra exprimer de vive voix à Boris Johnson ses réserves sur le choix du Premier ministre britannique d'exclure d'emblée toute prolongation des discussions et tout report de la date butoir du 31 décembre 2020.
"Il me semble que, des deux côtés, nous devrions nous demander sérieusement si toutes ces négociations sont faisables en si peu de temps", a déclaré la cheffe de l'exécutif européen fin décembre dans une interview au quotidien économique français Les Echos.
"Si nous ne pouvons pas conclure d'accord d'ici (fin) 2020, nous serons de nouveau au bord du précipice", a-t-elle déclaré le 18 décembre face aux eurodéputés à Strasbourg. "Ce qui nuirait clairement à nos intérêts. Mais cela aurait plus d'impact sur le Royaume-Uni que sur nous."
"Ses idées sont très claires sur les défis auxquels nous avons à faire face dans l'année qui vient", a déclaré lundi le porte-parole de la Commission, Eric Mamer.
Le négociateur de l'Union européenne Michel Barnier, qui a qualifié d'"immense défi" de mener à bien de telles négociations en 11 mois, participera à la rencontre.
Boris Johnson promettant un accord commercial "ambitieux", "sans alignement avec les règles de l'UE", Bruxelles craint une volonté de faire du Royaume-Uni une sorte de nouveau Singapour, qui essaierait de vendre des marchandises dans l'UE à un prix plus bas en abaissant le niveau des normes qui protègent les travailleurs, les consommateurs et l'environnement.
Selon le Sunday Times, certains au sein du gouvernement exhortent Boris Johnson à mener des discussions en parallèle avec les Etats-Unis de Donald Trump pour faire pression sur l'Union européenne lors des négociations.
Interrogé à cet égard lundi, le porte-parole du chef du gouvernement a déclaré que le Royaume-Uni est "libre de mener des discussions commerciales avec des pays partout dans le monde".
Avec AFP