Après 12 heures de débats intenses à l'Assemblée nationale, les députés ont adopté une résolution où ils expriment leur "désaccord avec la nomination du Premier ministre Baciro Dja", décidée la semaine dernière.
Au cours de cette session extraordinaire, ils ont décidé "de tenter des actions en vue de la destitution du nouveau Premier ministre". La résolution a été votée par 75 des 79 votants, sur les 102 députés siégeant normalement à l'Assemblée.
Le 12 août, le président José Mario Vaz avait limogé Domingos Simoes Pereira, en poste depuis 14 mois, en arguant d'une "crise de confiance au sommet de l'État". Jeudi, il a nommé M. Dja, 39 ans, investi dans la foulée.
Le Parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC) ayant obtenu la majorité en 2014 aux élections parlementaires - avec 57 députés sur 102 -, ces fonctions devraient donc être assumées par son président, M. Pereira. La Constitution stipule que le poste de Premier ministre revient au chef du parti vainqueur des législatives.
En nommant Baciro Dja, M. Vaz avait, de fait, rejeté la proposition du PAIGC de reconduire Domingos Simoes Pereira à son poste. La nomination de M. Dja avait été refusée par le parti dont sont membres les trois hommes, un de ses responsables la qualifiant de "coup d'État constitutionnel".
Lundi, les parlementaires ont également demandé au président Vaz de demander au PAIGC de nommer un nouveau Premier ministre.
"En cas de désaccord, l'Assemblée demandera à la Cour suprême de trancher", a déclaré un leader de l'opposition, Victor Mandinga.
Le président de la Gambie voisine, Yahya Jammeh, a proposé son aide pour résoudre la crise. Des membres du PAIGC et de l'opposition devraient se rendre mercredi dans la capitale gambienne, Banjul, pour le rencontrer, selon l'ambassadeur gambien à Bissau, Abdou Jarju.
Le président Vaz a expliqué qu'il était en désaccord avec M. Pereira, en particulier sur le nom du futur chef des forces armées guinéennes, un poste-clé dans ce petit pays situé sur la route de la drogue entre l'Amérique latine et l'Europe.
Baciro Dja, ancien ministre et porte-parole du gouvernement, doit encore former son gouvernement, mais a déjà annoncé lundi le limogeage des responsables de la radio et de la télévision publiques pour leur "partialité" lors de la dissolution du gouvernement de son prédécesseur. Il avait également interdit la retransmission des débats de l'Assemblée nationale.
Pays de 1,6 million d'habitants, la Guinée-Bissau, a connu plusieurs coups d'Etat - réussis ou avortés - depuis son indépendance en 1974.
Avec AFP