Dans la capitale sénégalaise, la grogne monte de plus en plus chez les citoyens désirant louer des maisons, des appartements ou même des chambres, faute à une discrimination au logement.
Abdou, locataire aux HLM Paris dans la banlieue dakaroise, témoigne. "Beaucoup de Sénégalais louent leur maison à des étrangers particulièrement, les Nigérians", assène-t-il d'emblée. Abou ajoute que cette situation est la source de beaucoup de difficultés d'autant plus que les agences qui gèrent les maisons "n'ont aucune pitié" envers eux.
Pointées du doigt, les agences immobilières refusent de porter le chapeau. Pour eux, certains Sénégalais sont les seuls responsables de cette situation, car ils causent souvent d'énormes problèmes aux bailleurs. L'agent immobilier Alpha Cissé explique que "les locataires sénégalais sont souvent assignés en justice pour défaut de paiement, mais la loi les protège tellement que les propriétaires en ont marre de courir derrière leur argent ou de suivre les longues procédures d'expulsion".
Ces propos de l'agent immobilier sont confirmés par les bailleurs eux-mêmes. Et au-delà de l'aspect financier, les propriétaires de maisons se plaignent du comportement de certains locataires locaux qui ne respectent pas leur contrat tandis que les étrangers sont généralement irréprochables. Seydou Sidibé, propriétaire de plusieurs maisons dans la banlieue dakaroise, estime que les Sénégalais sont "difficiles à gérer".
D'après lui, ils "perturbent et quand tu leur interdis quelque chose, ils refusent d'obtempérer. Même quand pour la cotisation pour payer les factures, ils refusent". Un comportement que Seydou Sidibé juge totalement différent de celui des étrangers qui "obéissent aux normes de la maison et paient à temps leur loyer". Pour le bailleur, ces derniers n'ont "aucun problème avec qui que ce soit, car ils restent dans leur coin et font tout comme il se doit". Pour terminer, il confie "certains ont voulu que je les mette dehors, mais j'ai refusé parce qu'ils sont corrects et respectueux des règles".
Pris au milieu de cette polémique, les locataires étrangers préfèrent faire profilent bas et mettre en avant la Teranga sénégalaise. Anthony est un Nigérian établi au Sénégal depuis plusieurs mois et pour lui, c'est l'intégration africaine qui justifie leur présence. Il estime que les Sénégalais sont "gentils" même si des fois "la langue parlée cause certaines difficultés" puisqu’ils ne comprennent pas l'anglais.
Malgré cette barrière linguistique, Anthony se sent à l'aise, car les gens essaient quand même de l'aider à s'intégrer facilement au point qu'il se soit fait des amis. "Nous sommes tous pareils, on est tous de l’Afrique de l’Ouest, nous nous plaisons ici et on fait de petits business et je pense aussi que les Sénégalais qui vivent au Nigeria sont dans les mêmes conditions", affirme le jeune nigérian.
Même s'ils se défendent de stigmatiser, certains Sénégalais se plaignent du favoritisme à l'égard des étrangers qui bénéficient plus facilement de logements. Pour les locaux, c'est une situation inacceptable et imputable aux agences immobilières. Ces dernières estiment quant à elles que les étrangers bénéficient d'un meilleur traitement, car ils sont plus prompts à respecter leurs engagements.