Ce premier sommet onusien consacré aux migrations a pour toile de fond la guerre en Syrie, qui a fait 300.000 morts en cinq ans et poussé quatre millions de Syriens à l'exil vers des pays voisins surchargés ou vers l'Europe.
Une trêve, de plus en plus précaire, a été instaurée depuis quelques jours en Syrie. Ce dossier devrait dominer les discussions en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, grand rendez-vous diplomatique annuel qui commence mardi.
C'est une simple déclaration politique que les dirigeants mondiaux ont prévu d'adopter lundi. Elle met l'accent sur "le respect des droits fondamentaux" des migrants, la coopération internationale pour lutter contre le trafic et la xénophobie ou l'accès à l'éducation pour les enfants déplacés.
Mais elle ne contient pas d'objectifs chiffrés, et surtout pas d'engagement précis sur la répartition du fardeau.
Le secrétaire général Ban Ki-moon avait suggéré que les pays accueillent chaque année 10% du total des réfugiés, aux termes d'un "pacte mondial". Mais au fil des négociations cet objectif a disparu et le pacte a été renvoyé à 2018 au plus tôt.
Pour l'ONG britannique Oxfam, les gouvernements "vont sans doute se congratuler lundi mais leurs engagements politiques sont bien en deçà de ce qu'il faudrait pour traiter le problème".
Il y a 65 millions de personnes déplacées dans le monde, dont 21 millions de réfugiés, fuyant persécutions, pauvreté ou conflits.
Face à cette crise sans précédent "on ne sent pas définitivement de volonté politique forte", a déclaré à l'AFP la présidente de Médecins du monde Françoise Sivignon.
Elle déplore "l'absence d'un véritable plan de relocalisation" et la mention dans le projet de déclaration finale "de la rétention des enfants, qui pour nous n'est pas acceptable".
La protection des mineurs non accompagnés, qui sont "extraordinairement vulnérables", "n'est pas particulièrement mise en exergue", souligne-t-elle.
La Fédération internationale de la Croix-rouge rappelle qu'en deux ans 7.000 hommes, femmes et enfants ont péri en Méditerranée en tentant de gagner l'Europe.
Rejetant ces critiques, la représentante de M. Ban pour ce sommet, Karen Abuzayd, a fait valoir à l'AFP que les pays vont s'engager dans leur déclaration d'intention à atteindre l'objectif fixé par le Haut commissariat pour les réfugiés des Nations unies. Or celui-ci préconise de relocaliser 5% du total des réfugiés.
Cela équivaudrait à 1,1 million en 2017, contre 100.000 en 2015, "soit dix fois plus", affirme-t-elle.
Mardi, ce sera au tour du président américain Barack Obama d'aborder la crise migratoire sous un angle plus concret. Il a invité une quarantaine de pays donateurs, qui vont promettre d'accueillir davantage de réfugiés, de leur offrir des possibilités d'éducation et d'emploi et d'accroître l'aide aux principaux pays d'accueil souvent débordés.
Plus de la moitié de ces réfugiés vivent dans huit pays à faibles ou moyens revenus (Liban, Jordanie, Turquie, Iran, Kenya, Ethiopie, Pakistan, Ouganda).
Six des pays les plus riches de la planète (Etats-Unis, Chine, Japon, Royaume-uni, Allemagne et France) en accueillent 1,8 million, soit 7% seulement du total, selon Oxfam.
L'Union européenne en particulier reste très divisée sur cette question, dont la droite populiste a fait son cheval de bataille, rendant toute initiative politiquement risquée.
La grand-messe diplomatique annuelle qui rassemble des dirigeants du monde entier se tiendra sous très haute sécurité dans une ville qui a été samedi soir le théâtre d'un attentat à la bombe, non revendiqué, qui a fait 29 blessés.
Avec AFP