"Si un changement se produit sur le terrain, je l'encourage mais avec une mise en garde: les droits de l'homme doivent être au centre des discussions", a déclaré Sheila Keetharuth lors d'une conférence de presse, à l'issue de son mandat qui a duré six ans.
"Alors que la paix est en train d'être négociée, alors qu'un rapprochement se produit, il faut s'assurer que le caractère central des droits de l'homme n'est pas ignoré", a-t-elle insisté.
Cet appel intervient alors que l'Ethiopie et l'Erythrée ont vanté les mérites de la paix mardi à Addis Abeba, à l'occasion de la visite historique d'une délégation gouvernementale érythréenne destinée à mettre un point final à la guerre et à des décennies d'hostilité entre les deux voisins de la Corne de l'Afrique.
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Inimaginable il y a encore quelques semaines, l'envoi de cette délégation a été décidé par le président érythréen Issaias Afeworki à la suite d'une ouverture du régime éthiopien.
Le chef d'Etat éthiopien a pris ses fonctions en avril et a depuis amorcé un train de réformes sans précédent depuis plus de 25 ans dans le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique.
Au nombre de ces bouleversements, l'annonce début juin de son intention d'appliquer l'accord de paix signé en 2000 avec l'Erythrée et les conclusions de la commission internationale indépendante sur la démarcation de la frontière.
"C'est très important parce que cette question a été portée à mon attention comme étant la seule qui pourrait changer la donne" pour les droits de l'homme en Erythrée en mettant fin au service militaire illimité, source de "violations massives des droits de l'homme", a souligné Mme Keetharuth.
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En 2016, une commission d'enquête de l'ONU avait établi que ce service militaire illimité avait transformé quelques 300.000 à 400.000 Erythréens en "esclaves".
La rapporteuse spéciale, qui a présenté son dernier rapport au Conseil des droits de l'homme car les experts ne peuvent pas travailler plus de six ans pour le même mandat, a assuré qu'"il n'y a pas eu d'évolution positive" dans ce domaine en Erythrée au cours de son mandat, citant notamment la pratique des détentions au secret, les détentions arbitraires ou l'absence de libertés d'expression et de religion.
Elle a appelé le Conseil des droits de l'homme à renouveler le mandat de rapporteur spécial sur l'Erythrée, question qui sera discutée le 5 ou 6 juillet, et a également demandé à la communauté internationale de ne pas renvoyer les réfugiés érythréens dans leur pays, où ils sont considérés comme des "traitres".
Avec AFP