Les éleveurs peuls musulmans sont accusés d'être responsables d'une vague de violences contre des communautés d'agriculteurs dans l'Etat de Benue (centre) depuis le début de l'année.
Le conflit séculaire pour l'appropriation des terres entre bergers nomades et agriculteurs sédentaires a été renforcé par une lutte de plus en plus âpre pour les ressources, provoquée par la sécheresse et la désertification dans le nord du Nigeria et plus largement au Sahel, qui a obligé les éleveurs à migrer vers le Sud.
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La rapide croissance démographique du pays, qui compte aujourd'hui 180 millions d'habitants et devrait devenir le troisième pays le plus peuplé au monde d'ici à 2050, a aggravé la situation.
Le président Muhammadu Buhari a été accusé par des responsables du Sud de passivité à l'égard des éleveurs, parce qu'il est lui-même un musulman d'origine peule venu du Nord. Le Nigeria est divisé dans une symétrie quasi parfaite, entre un Nord musulman et un Sud chrétien.
Le centre d'études International Crisis Group avait prévenu en septembre 2017 que les conflits agraires dans le centre du Nigeria devenaient "potentiellement aussi dangereux que l'insurrection de Boko Haram dans le nord-est".
Le prix Nobel de littérature Wole Soyinka a mis en garde le président Buhari en rappelant que l'échec de son prédécesseur Goodluck Jonathan à vaincre les djihadistes de Boko Haram lui avait fait perdre les élections en 2015.
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Les affrontements se sont intensifiés à Benue après le Nouvel An, notamment en raison d'une nouvelle loi qui interdit aux éleveurs de bétail nomades de se déplacer à l'intérieur de l'Etat.
Le secrétaire national d'une association d'éleveurs, Baba Usman Ngeljarma, a déclaré qu'on avait tort de faire porter la responsabilité des violences aux seuls éleveurs. "Nous avons perdu plus de 1.000 personnes, dont des enfants, des femmes et des personnes âgées en sept mois, de juin 2017 à janvier 2018", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Abuja.
M. Ngeljarma a affirmé qu'une série d'attaques dans la région de Mambilla (Etat de Taraba) en juin dernier avait fait plus de 700 morts.
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Les hommes politiques locaux et la police avaient donné à l'époque des bilans beaucoup plus bas. Des chiffres très différents sont souvent annoncés à propos des violences. Il n'a pas été possible de confirmer les nouveaux bilans dans l'immédiat.
Mais les nouveaux bilans correspondent à des informations faisant état d'une moyenne annuelle de plus de 2.000 morts entre 2011 et 2016.
Selon un rapport de septembre 2017 de l'International Crisis Group, plus de 2.500 personnes ont été tuées en 2016.
Selon M. Ngeljarma, personne n'a été arrêté pour ces meurtres, "même quand les responsables étaient bien connus des victimes".
Avec AFP