"Maintenant que le président Museveni a ordonné la fermeture de l'université, nous devons partir, mais je n'ai nulle part où aller", explique Gabriel Deng, 23 ans, un étudiant en première année de médecine vétérinaire.
Dans sa chambre exiguë d'une résidence universitaire vétuste et surpeuplée, il emballe en vitesse ses affaires. A l'extérieur, la police en tenue anti-émeutes monte la garde.
"Hier, la police est venue et a tiré des gaz lacrymogènes dans la résidence", explique-t-il. "Nous ne pouvons pas rester ici, parce que je suis un réfugié du Soudan du Sud, et si je ne peux pas trouver un ami chez qui rester à Kampala, je risque de devoir retourner dans le camp de réfugiés", dit-il.
Le président Museveni, qui est au pouvoir depuis 1986, a décidé mardi la fermeture sine die de l'université de Makerere, après des jours de manifestations de la part des étudiants, ayant débouché sur des affrontements avec la police. Cette université, qui compte 38.000 étudiants, est la première d'Ouganda, mais aussi l'une des plus anciennes et meilleures d'Afrique.
Contrairement à l'Afrique du Sud - où les étudiants manifestent pour réclamer la gratuité de l'enseignement supérieur, un mouvement qui paralyse plusieurs universités depuis un mois -, les étudiants ougandais ont manifesté en réponse à 15 jours de grève de la part des enseignants.
Ces derniers réclament un meilleur salaire et de meilleures conditions de travail. Des primes promises après plusieurs années sans hausse de salaire "n'ont pas été payées depuis 9 mois", a ainsi expliqué à l'AFP Muhammad Kiggundu, le président de l'association des enseignants de Makerere.
Les étudiants, sans s'opposer aux revendications des enseignants, ont manifesté pour dénoncer la gestion de la grève par les autorités et surtout pour réclamer la reprise rapide des cours.
La décision de M. Museveni, prise au nom de la "sécurité des personnes et des biens", a mis fin aux discussions entre les responsables administratifs de l'école et les enseignants.
Alors que les étudiants évacuaient mercredi le campus, un porte-parole de la police, Andrew Kawessi, a indiqué que ceux qui resteraient seraient considérés comme posant une menace sécuritaire.
Julliet, une étudiante de 21 ans, trop apeurée pour donner son nom de famille, attendait que ses parents lui envoient de l'argent par téléphone pour prendre un ticket de bus vers Gulu, sa ville natale, dans le nord du pays.
La jeune fille, qui veut devenir professeure, se dit très inquiète pour la suite de son année scolaire. "Je resterai juste à la maison jusqu'à ce que l'université rouvre", dit-elle. "Il n'y a rien qu'on puisse faire. La situation est très mauvaise".
Avec AFP