Trente-quatre ans après la découverte du virus du VIH, les chercheurs butent toujours sur sa capacité à se dissimuler dans certaines cellules du système immunitaire, formant des réservoirs viraux qui se réactivent si on arrête le traitement.
Aussi, la recherche s'emploie à maintenir le virus en sommeil le plus longtemps possible, à limiter les effets secondaires des traitements et à améliorer les moyens de prévention.
"Éradiquer complètement le virus du corps d'un malade, c'est très difficile, voire impossible", juge Anthony Fauci, directeur de l'Institut national des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), un organisme public de recherche américain.
"Donc nous nous concentrons surtout sur la rémission sans antirétroviraux", explique ce spécialiste du sida à l'AFP.
Cette "rémission fonctionnelle" n'est pas une guérison: le VIH est toujours présent mais si affaibli qu'il ne peut ni se multiplier ni se transmettre à une autre personne pendant une durée prolongée, même en l'absence de traitement quotidien.
Actuellement, les personnes séropositives doivent prendre tous les jours des antirétroviraux. Ces médicaments apparus dans les années 1990 ont révolutionné la vie des patients. Mais ils présentent encore beaucoup d'effets indésirables (diarrhée, démangeaisons, nausées, maux de tête...) et les fournir tout au long de la vie à des millions de malades revient très cher.
Fin 2016, 19,5 millions de personnes y avaient accès, soit un peu plus de la moitié des 36,7 millions de porteurs du VIH, selon l'ONU.
Le coût d'une année de traitement dans les pays à faible revenu varie de 75 euros à plus de 1.000 euros lorsque le traitement de première intention n'est pas efficace, car il arrive de plus en plus souvent que le virus développe des résistances.
"Nous ne pouvons nous permettre de continuer à financer une épidémie d'une telle proportion", avertit Linda-Gail Bekker, chercheuse au Desmond Tutu HIV Centre (Afrique du Sud) et présidente de la Société internationale du sida, qui organise la conférence à Paris.
- Diminution du financement -
"Si nous pouvions réduire le nombre de gens ayant besoin d'un traitement grâce à la rémission, ce serait fantastique", ajoute-t-elle.
Mettre les patients sous traitement le plus rapidement possible après l'infection semble constituer le meilleur espoir, en particulier chez les nouveaux-nés.
Autres pistes explorées: l'injection d'anticorps pour neutraliser le virus, le renforcement du système immunitaire des patients par un "vaccin thérapeutique" ou encore des antirétroviraux à longue durée d'action.
Mais les rémissions restent très peu nombreuses. Ont été rapportés les cas de 14 patients d'une étude française, qui ont arrêté leur traitement après trois années et sont restés en bonne santé depuis, et celui, annoncé il y a deux ans, d'une adolescente en rémission 12 ans après l'arrêt des antirétroviraux.
Les Etats-Unis avaient annoncé en 2013 qu'une enfant née avec le VIH et traitée pendant ses 18 premiers mois était en rémission plus de deux ans après l'arrêt du traitement, mais le virus s'est finalement réactivé, douchant les espoirs des chercheurs.
Côté prévention, tandis que plusieurs équipes continuent leur quête du Graal que constituerait un vaccin, de nombreux travaux sont consacrés à diversifier les modes de prévention.
Des anneaux vaginaux imprégnés d'antirétroviraux pourraient ainsi rejoindre le classique préservatif dans la panoplie de prévention, tandis que l'efficacité de la circoncision pour limiter les contaminations se confirme.
Des études ont aussi montré que la prise d'un antirétroviral avant un risque de contamination - la PrEP, ou prophylaxie pré-exposition - fait chuter ce risque.
Autant d'"extraordinaires progrès" qui "sont menacés par la diminution du financement de la recherche sur le VIH", avertit la Société internationale du sida dans un appel à l'"engagement des politiques", qui sera lancé officiellement dimanche.
En 2016, le sida a tué 1 million de personnes et 1,8 million de nouvelles contaminations ont eu lieu.
Avec AFP