En 10 ans d'existence, le football professionnel sénégalais n'a jamais eu d'instance dédié aux joueurs. Ils n’avaient même pas accès aux différentes sphères de décision. Une anomalie que les footballeurs professionnels ont décidé de corriger en mettant en place une structure capable de gérer leurs intérêts, comme l'indique à VOA Afrique Abdoulaye Diop, trésorier général du syndicat.
"Nous allons envoyer représentants au niveau de la fédération et de la Ligue sénégalaise de football professionnel parce que vous n’êtes pas sans savoir que depuis le début du football local aucun joueur n’est représenté dans ces instances toutes les décisions sont prises sans pour autant demander l’avis des joueurs", confie-t-il. Abdoulaye ajoute également que certains joueurs sont victimes de "licenciements abusifs" et que d'autres "n'ont même pas perçu leurs salaires" durant cette période de Covid-19.
Pour gommer ces maux qui les empêchent de s'épanouir, les joueurs ont porté leur choix sur Lamine Mboup. Le tout nouveau secrétaire général est déjà en ordre de bataille. Pour lui, l'urgence est d'intégrer les organes de décisions du football sénégalais afin que le professionnel puisse enfin avoir la reconnaissance qu'il faut. "Nous allons avoir un poste au comité exécutif de la fédération, à la chambre de résolution des litiges", a-t-il déclaré.
"La dernière fois quand je me révoltais, je disais que même le vendeur d’arachide est plus nanti que le footballeur parce que lui quand il vend son arachide il ressort avec au moins 10.000 francs par jour mais le footballeur lui n’a que 500 francs de transport après chaque match. Vous pensez que c’est normal, il faut arrêter", peste le secrétaire général du nouveau syndicat des footballeurs professionnels. Il précise que même quand le transfert d'un joueur permet au club de gagner des centaines de millions, les joueurs n'en profitent pas, "ce sont les dirigeants qui en profitent et ça doit s’arrêter". conclut-il.
Pour développer le football professionnel, il faut placer les acteurs au cœur du système, tel est la conviction de Ferdinand Coly ancien international sénégalais mandaté par Fifpro, le syndicat international des joueurs de football. "Ce n'est pas facile c’est sûr mais il faudra quand même s'y atteler comme on dit on ne peut pas être premier africain au niveau de la Fifa et ne pas avoir les infrastructures et les moyens de pouvoir assurer un minimum pour les joueurs", plaide l'ancien latéral des "Lions de la Teranga".
Il précise cependant que la conciliation sera la meilleure méthode pour atteindre les objectifs fixés, "ça fait 10 ans que ce championnat existe et on va améliorer tout ça c’est un long processus mais pas contre qui que ce soit". Pour Ferdinand Coly, les présidents de clubs sont aussi en difficulté aussi mais il faut "trouver le juste milieu" pour que les acteurs principaux peuvent au moins subvenir à leurs besoins.
Le président de la Fédération sénégalaise de football et plusieurs présidents de clubs ont déjà apporté leur soutien à l'initiative des joueurs tout comme l'Association des anciens internationaux. Ces derniers ont d'ailleurs été impliqués dans des commissions pour encadrer l'action de leurs jeunes frères et leur offrir un accompagnement dans l'optique de leur reconversion.