La contestation ne s’estompe pas au sujet des frais associatifs exigés aux parents d’élèves dans les établissements publics, même si la ministre des Enseignements secondaires, Pauline Nalova Lyonga, a annoncé un plafonnement de ces frais à 25.000 francs CFA.
"Les établissements publics sont faits pour les parents pauvres, vous ne pouvez pas carrément demander 40.000 à un parent pauvre, plus des frais exigibles", a justifié Boniface Bayaola, secrétaire d’Etat auprès du ministre des Enseignements secondaires, chargé de l’enseignement normal.
Une directive toutefois jugée "inappropriée" par la société civile, selon un communiqué rendu public vendredi par l’ONG Nouveaux droits de l’Homme.
"Les frais d’Apee (les Associations des Parents d’élèves, ndlr) relèvent de la démission de l’Etat dans le financement de l’enseignement public au Cameroun", fustige Cyrille Rolande Bechon, directrice exécutive de l'ONG.
"On s’est rendus compte que les budgets d’investissements ne construisaient plus les écoles, ne construisaient plus les salles de classes, ne construisaient plus les toilettes, ne faisaient plus rien dans les lycées et les écoles primaires publiques au Cameroun. Donc finalement c’était les parents qui, à travers ces frais d’Apee, finançaient tout", explique-t-elle.
Human Rights and Freedoms Movement, une association de défense des droits de l’homme et de libertés proteste aussi la sortie médiatique des autorités.
"La ministre n’étant pas membre des Apee, elle n’a donc pas qualité de fixer les montants des Ape", tranche avec véhémence Jean Roger Ndebi, coordonnateur u mouvement. "Il revient aux membres uniquement de décider des montants soit des cotisations, soit des contributions", ajoute-t-il.
Absence de transparence
L'activiste affirme que depuis le coup d’envoi de la rentrée scolaire le 6 septembre, des milliers d’élèves ont été refoulés aux portes des établissements scolaires faute d’avoir payé les frais des Associations des parents d’élèves.
Il dénonce aussi ce qui, à ses yeux, est un mode de gestion opaque de l'argent perçu par les écoles.
"C’est le proviseur qui gère l’argent de connivence avec l’intendant, dans la plupart des lycées, alors que le proviseur n’est membre du bureau de l’Apee qu’au titre de conseiller technique", relate-t-il.
Pour éviter que le enfants paient le prix au final, certaines organisations de la société civile plaident pour l'adoption d'un texte spécifique sur les Apee et pour une réforme globale du financement de la scolarisation au Cameroun.