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Les fusées se bousculent au portillon de l'espace


Une fusée SpaceX Falcon 9 transportant le satellite Tess décolle du complexe de lancement 40 à la station de Cap Canaveral, en Floride, le 18 avril 2018.
Une fusée SpaceX Falcon 9 transportant le satellite Tess décolle du complexe de lancement 40 à la station de Cap Canaveral, en Floride, le 18 avril 2018.

Vendredi à 5h42 du matin, une fusée de la société américaine SpaceX décollera de Floride avec deux tonnes et demie de matériels de la Nasa, pour s'amarrer trois jours plus tard et 400 kilomètres plus haut à la Station spatiale internationale.

La fusée qui s'envolera n'est pas neuve: elle a mis en orbite un satellite de la Nasa il y a deux mois et est revenue se poser en douceur sur une barge dans l'Atlantique à 300 kilomètres de Cap Canaveral. Tout comme la capsule Dragon, vaisseau fixé au sommet de la fusée et à l'intérieur duquel est chargé le matériel, qui a déjà servi en 2016.

C'est la quinzième mission de SpaceX pour la Nasa depuis 2012, dont une explosion en vol. Une autre société, Orbital ATK, en a accompli neuf dont un échec.

Mais si ces missions sont devenues routinières, elles incarnent une révolution dans l'histoire spatiale: avant SpaceX, seuls les Etats ravitaillaient la station et les fusées étaient à usage unique.

La Nasa est tellement dépendante du secteur privé qu'elle a passé des contrats avec SpaceX et Boeing pour y envoyer ses astronautes à partir de 2019, dès que leurs capsules habitées seront prêtes.

Depuis l'arrêt de son programme de navettes en 2011, l'agence spatiale américaine ne peut en effet plus envoyer personne dans l'espace: elle doit acheter une place dans le Soyouz russe lancé depuis Baïkonour, au Kazakhstan.

"Jamais on n'a vu autant d'activité de la part du secteur privé en plus du public", dit à l'AFP John Logsdon, professeur émérite à l'université George Washington et spécialiste de l'espace.

- Les Américains reviennent -

SpaceX, fondée par Elon Musk, a bouleversé le secteur du lancement de satellites, avec plus de 55 tirs de sa fusée Falcon 9 depuis 2010. Avec elle, les Etats-Unis ont repris l'initiative mondiale après plus d'une décennie dominée par Russes et Chinois.

"Les Russes ont le plus perdu en part de marché des lanceurs", dit à l'AFP Tom Stroup, président de la fédération professionnelle Satellite Industry Association.

Après un embouteillage l'an dernier, les lancements de satellites devraient fortement augmenter dans les prochaines années.

L'orbite terrestre n'a jamais été aussi accessible. Grâce à la miniaturisation, de petits satellites de quelques kilogrammes sont fabriqués rapidement et pour quelques dizaines de milliers de dollars. Ces Cubesats, modulables, représentaient 292 des 345 satellites lancés en 2017, selon le rapport annuel de la Satellite Industry Association.

"Ils sont presque jetables", dit à l'AFP Claude Rousseau, du cabinet Northern Sky Research, avec une durée de vie de sept ans environ, selon lui, mais ils peuvent facilement être remplacés.

Dans les prochains mois, la start-up OneWeb ainsi que SpaceX veulent placer en orbite des constellations de centaines de petits satellites pour offrir un accès internet à très haut débit au sol. La concurrence est féroce aussi dans le marché de l'observation terrestre: plusieurs sociétés veulent faire de même pour fournir à des clients publics et privés des photographies de haute résolution et fréquentes de lieux comme des infrastructures, des terres agricoles ou des installations militaires.

Pour ce marché des "smallsats", des sociétés développent des fusées... plus petites. L'une d'elles, l'Américaine Rocket Lab, devait effectuer son premier lancement commercial en Nouvelle-Zélande mercredi.

Du côté des Européens, Arianespace maintient son rythme de lancements et prépare sa nouvelle fusée Ariane 6, pour rester compétitive, à partir de 2020.

La Chine et l'Inde, qui se reposent encore principalement sur des programmes publics, entendent aussi augmenter leurs parts de marché. La Chine a déjà tiré cette année autant de fusées que sur tout 2017, selon Northern Sky Research.

- Tourisme, Lune et Mars -

Quant au tourisme spatial, il est sur le point de devenir une réalité. Virgin Galactic multiplie les essais de son vaisseau piloté SpaceShipTwo VSS Unity, lancé depuis un avion. La place coûte 250.000 dollars.

Et Blue Origin, fondée par le patron d'Amazon Jeff Bezos, vient d'annoncer que les billets seraient vendus en 2019 pour une place à bord de sa fusée New Shepard, qui emmènera six personnes dans l'espace, à plus de 100 kilomètres d'altitude.

Ces deux véhicules n'iront pas en orbite mais feront flotter les passagers en apesanteur pendant plusieurs minutes.

Enfin, la Nasa, sous l'impulsion de Donald Trump, se concentre sur la construction d'une station orbitant autour de la Lune... prélude à l'envoi d'astronautes sur Mars, dans un avenir lointain.

Pour le premier voyage humain autour de la Lune depuis 1972, la Nasa développe ses propres capsule (Orion) et fusée (SLS), qui sera la plus puissante jamais construite aux Etats-Unis. Premier voyage, sans équipage, en orbite lunaire prévu en 2020, et avec des astronautes d'ici 2023.

Pour ces missions d'exploration lointaine, elle semble plus avancée que la méga-fusée de SpaceX BFR, appelée à être encore plus puissante que Falcon Heavy, sa grande fusée testée en février.

Avec AFP

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