Les JO de Pyeongchang qui s'ouvrent le 9 février ont permis un rapprochement entre les deux frères ennemis après deux années de crispation due à l'accélération des programmes balistique et nucléaire de Pyongyang.
Mais les efforts de paix du président sud-coréen de centre-gauche Moon Jae-In sont loin de faire l'unanimité au Sud, certains l'accusant de sacrifier sur l'autel de la politique les chances de certains athlètes sud-coréens.
Les joueuses, qui portaient des survêtements siglés "DPR Korea", nom officiel de la Corée du Nord, ont franchi la frontière par la route non loin de Kaesong, la zone industrielle opérée conjointement par les deux Corées jusqu'en 2016. Puis, elles sont parties pour Jincheon, où se trouvent les infrastructures sud-coréennes de hockey sur glace, pour commencer à s'entraîner avec leurs nouvelles coéquipières.
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Elles étaient accompagnées par la délégation nord-coréenne chargée de préparer l'arrivée des autres athlètes de Pyongyang, a précisé le ministère sud-coréen de l'Unification.
Les 12 Nord-Coréennes se joindront aux 23 Sud-Coréennes initialement choisies pour la compétition, aux termes du récent accord trouvé par les deux Corées et le Comité international olympique.
Des voix se sont élevées au Sud pour s'inquiéter que cette addition soudaine d'un nombre imposant de sportives à quelques jours de la compétition -- pour laquelle le Sud s'est qualifié en tant qu'hôte plutôt qu'au mérite -- ne perturbe l'alchimie de l'équipe.
'A tous les Coréens'
De hauts responsables sud-coréens ont encore soufflé sur les braises quand ils ont justifié cette décision en expliquant que de toute façon, l'équipe féminine n'avait guère de chances de médaille.
La controverse a valu à M. Moon un plongeon de sa cote de popularité, à 60%, soit le niveau le moins enviable depuis sa prise de fonctions en mai 2017. Les enquêteurs du sondeur RealMeter imputent ce recul à cette équipe conjointe ainsi qu'au sentiment que le gouvernement a fait trop de concessions pour arracher la participation du Nord.
L'équipe unifiée de hockeyeuses disputera un match de préparation contre la Suède le 4 février à Incheon.
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C'est la première équipe intercoréenne depuis 1991, lorsque des joueurs de tennis de table des deux Corées avaient disputé les championnats du monde au Japon, et des footballeurs la coupe du monde des moins de 20 ans au Portugal.
Pyongyang, qui avait boycotté les jeux de Séoul en 1988, envoie dix autres athlètes à Pyeongchang, en ski de fond (trois), ski alpin (trois), patinage de vitesse (deux) et patinage artistique (un couple).
Ryom Tae-Ok et Kim Ju-Sik sont les seuls Nord-Coréens qualifiés mais ils avaient raté la date-limite d'inscription.
Cette fébrilité intercoréenne fait suite à la main tendue par le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un le jour du Nouvel An. Il s'est dit prêt à participer aux JO après des mois de mystère.
Le Nord a publié jeudi une adresse rarissime "à tous les Coréens" pour appeler à la réunification de la péninsule, objectif que les Nord-coréens avaient tenté de réaliser par la force en envahissant le Sud en 1950.
Investissement d'avenir?
"Menons une campagne énergique pour désamorcer les tensions militaires exacerbées et créer un climat pacifique sur la péninsule coréenne", dit le texte publié par l'agence officielle KCNA. Il faut "effacer la méfiance et l'incompréhension mutuelles" en multipliant les contacts et les échanges.
Tout contact civil est prohibé entre les deux Corées, toujours techniquement en guerre car le conflit s'est achevé en 1953 sur un armistice plutôt qu'un traité de paix.
M. Kim a saisi l'occasion de la compétition sportive pour faire retomber les tensions, apaisant du même coup les craintes des pays participant pour la sécurité de leurs athlètes.
Le Nord est soumis à de multiples sanctions de l'ONU du fait de ses ambitions militaires. En 2017, il a mené de multiples tirs de missiles et testé ce qu'il a présenté comme une bombe à hydrogène tandis que M. Kim et le président américain Donald Trump échangeaient insultes personnelles et menaces belliqueuses.
M. Moon, qui a toujours prôné le dialogue, souhaite que le Nord participe aux JO pour ouvrir la porte à un éventuel dialogue sur le désarmement nucléaire.
Faire venir le Nord est "un investissement d'avenir", souligne la présidence sud-coréenne. Mais de nombreux analystes doutent que cet élan pacifique durera au-delà des JO étant donné que Pyongyang assure être devenu un Etat nucléaire à part entière.
Avec AFP