Le 28 décembre dernier, les députés ont procédé au vote de cette loi encore en étude sur la table des sages de la Cour constitutionnelle.
Pour marquer leur désaccord, les magistrats ont décidé de paralyser les tribunaux sur toute l'étendue du territoire jusqu'à ce que la loi ne soit retirée.
Les magistrats ont annoncé une grève illimitée, cinq jours sur cinq.
Freddy Yehouessi, le porte-parole de l'Union nationale des magistrats du Bénin, a précisé devant la presse les circonstances dans lesquelles la décision a été prise.
Pour lui, "c'est une question de survie et de défense des libertés chèrement acquises à coup de sacrifices".
En 2014, l'Assemblée nationale avait en vain tenté de retirer le droit de grève aux magistrats prétextant que la cour constitutionnelle avait affirmé que le droit de grève, bien que fondamental, n'est pas absolu.
Aujourd'hui, les travailleurs ne comprennent pas que Joseph Djogbenou, qui à l'époque s'est illustré par des actions musclées pour dire non au vote d'une telle loi, soit aujourdhui l'instigateur en sa qualité de ministre de la Justice.
Les deux syndicats des travailleurs de la justice dénoncent "un coup de force, une gouvernance par la rage et la ruse".
Mais le ministre Joseph Djogbenou, malgré les critiques tendant à le montrer comme un homme sans convictions capable de remettre en cause ses aspirations les plus profondes, reste impertubable.
Sur la chaîne de télévision nationale, il a exprimé toute la volonté du gouvernement au respect de la loi si la cour constitutionnelle la déclarait conforme à la Constitution.
Pour lui, "la justice est un pouvoir et dans un état de droit, on ne peut permettre que ce pouvoir ne soit exercé".
Vendredi dernier, le tribunal de Cotonou laissait paraître un avant-goût de la grève qui démarre ce lundi 8 janvier 2018.
Les usagers déplorent la situation et appellent les deux parties à s'asseoir autour d'une table de négociations au lieu de pénaliser les populations.
Les travailleurs du secteur de la justice ne sont pas les seuls soucis du gouvernement. Toutes les centrales syndicales annoncent une grève générale pour les jours à venir. Seule façon de dire non à la restriction des libertés des travailleurs béninois.
Ginette Fleure Adandé, correspondante à Cotonou