Après deux jours en territoire mexicain, les migrants se sont arrêtés mardi dans cette petite ville de l'Etat du Chiapas, à 70 kilomètres de la frontière méridionale avec le Guatemala. Ils y ont repris des forces, la plupart pour la première fois depuis leur départ du nord du Honduras le 13 octobre et 800 kilomètres parcourus, et alors qu'il leur en reste 3.000 pour atteindre la frontière américaine.
Les migrants, parmi lesquels des femmes et des enfants en bas âge, ont passé la journée dans des églises ou allongés à même le sol dans un parc de la ville ou sur un terrain de sport.
"Ils sont épuisés", explique à l'AFP Rodrigo Abeja, de Peuples sans frontières, une ONG qui accompagne la "caravane" de près de 7.000 personnes, essentiellement honduriens, selon des estimations de l'ONU lundi.
Dans la matinée, des habitants de la localité leur avaient offert du café chaud, fourni des couvertures, des couches pour bébés, tentant de soulager des migrants exténués.
"Nous nous sommes occupés de huit femmes enceintes", affirme à l'AFP une infirmière travaillant sur un poste médical installé dans le parc de Huixtla. "Parfois, ça me fait très mal, parfois j'ai l'impression que je vais accoucher, mais je crois que j'avais seulement besoin de me reposer", commente Teresa, 19 ans, migrante enceinte de près de huit mois.
Certains ont profité de cette journée pour se laver dans la rivière, et laver leurs vêtements. Les migrants devaient se remettre en marche à 9 heures GMT.
"Défier notre souveraineté"
Certains de ces migrants, qui fuient tous la violence et la misère dans leur pays, parviennent à avancer un peu plus vite, en montant sur des camions, des pick-ups ou des motos.
Mais certains y laissent aussi la vie. Le Honduras a fait état de deux morts parmi ses ressortissants: un au Guatemala, après avoir chuté d'un camion qui l'avait pris en stop, et un autre au Mexique.
Le petit pays centre-américain a également annoncé que 300 de ses ressortissants ont rejoint les 3.433 autres qui avaient finalement décidé de retourner dans leur pays entre vendredi et dimanche.
Les autorités mexicaines ont de leur côté indiqué avoir reçu un total de 1.699 demandes d'asile depuis le début de cette crise.
Le vice-président américain, Mike Pence, a suggéré mardi que des organisations honduriennes "de gauche" financées par le Venezuela étaient derrière cette "caravane", après s'être entretenu avec le président hondurien Juan Orlando Hernandez.
Cette "caravane" de migrants est envoyée "vers le Nord pour défier notre souveraineté", a-t-il déclaré lors d'une conférence organisée par le Washington Post dans la capitale américaine. Il faisait ainsi écho aux propos de Donald Trump qui avait lancé lundi soir au Texas, devant des supporters: "C'est un assaut contre notre pays, un assaut!"
Le président américain, qui fait campagne pour les élections cruciales de mi-mandat, a dit avoir mis en alerte l'armée et les gardes-frontières face à cette "urgence nationale". Et a également reproché à l'armée et à la police mexicaines d'être "incapables" d'arrêter les migrants.
"Nous n'allons pas nous plier à l'exigence de quelque gouvernement que ce soit qui prétend provoquer chez le Mexique une réaction hostile", lui a rétorqué le ministre de l'Intérieur mexicain, Alfonso Navarrete, interrogé par la presse à Mexico.
"Retour sûr"
Le président du Honduras a lui promis des emplois à ses compatriotes partis dans la caravane s'ils rentrent au pays. M. Hernandez a détaillé un plan de 27 millions de dollars pour "le retour sûr" des migrants qui inclut des subsides, des logements, des projets agricoles, du travail dans des chantiers publics, des crédits pour microentreprises et des bourses d'études.
Le futur ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard, a quant à lui promis des "changements substantiels" sur la politique migratoire après l'entrée en fonction du président élu de gauche Andrés Manuel Lopez Obrador le 1er décembre.
Il a déclaré que le futur gouvernement chercherait à stimuler les investissements en Amérique centrale pour ralentir le flux des migrants.
Le Mexique a autorisé lundi soir environ 400 migrants, massés depuis vendredi sur un pont frontalier avec le Guatemala, à entrer sur son territoire.
Ils ont été autorisés à franchir la frontière "parce que le ministère des Affaires étrangères (mexicain) a demandé qu'ils ne restent pas dehors à souffrir des intempéries", a expliqué à l'AFP Gerardo Garcia, le commissaire à l'immigration du pays.
Parallèlement, une seconde caravane d'environ un millier de Honduriens, partie dimanche du Honduras, poursuit sa traversée à pied du Guatemala en direction de la frontière mexicaine.
Avec AFP