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Les militants de la Renamo orphelins de leur chef disparu au Mozambique


Les partisans du principal parti d'opposition mozambicain, la Renamo (Résistance nationale mozambicaine), à la veillée mortuaire de leur leader Afonso Dhlakama décédé deux jours plus tôt, Maputo, le 5 mai 2018.
Les partisans du principal parti d'opposition mozambicain, la Renamo (Résistance nationale mozambicaine), à la veillée mortuaire de leur leader Afonso Dhlakama décédé deux jours plus tôt, Maputo, le 5 mai 2018.

Ils se sont serrés sur des bancs en bois, à l'ombre des manguiers. Deux jours après sa mort, les militants de l'ex-rébellion devenue le principal parti d'opposition du Mozambique peinent à croire que leur chef historique Afonso Dhlakama les a quittés.

Comme ailleurs dans le pays, le décès du commandant suprême de la Renamo, âgé de 65 ans, a totalement pris de court ses partisans de Dondo (centre).

Assis devant la permanence du parti, certains pleurent, d'autres se prennent la tête entre les mains, noyés dans la poussière des camions qui filent, à quelques mètres de là, de la grande ville côtière de Beira vers le Zimbabwe voisin.

"Ils sont venus pour se recueillir, chanter, prier et attendre les instructions du parti sur l'organisation de l'enterrement", explique Bernardo Joao, le délégué local.

>> Lire aussi : La Renamo se choisit un chef intérimaire après la mort de Dhlakama au Mozambique

Très affecté, il explique avoir perdu plus qu'un chef. "Nous considérons Dhlakama comme un +Moïse+ du Mozambique (...) il est venu libérer le peuple qui vivait en esclavage".

Afonso Dhlakama a dirigé pendant trente-neuf ans la Renamo d'une main de fer. D'abord lors de la guerre civile meurtrière qui l'a opposée au Front de libération du Mozambique alors d'inspiration marxiste (Frelimo, au pouvoir), de l'indépendance sur le Portugal en 1975 jusqu'en 1992.

Puis lorsqu'elle s'est muée en parti d'opposition, sans succès. Et encore lorsqu'elle a repris les armes, en 2013. M. Dhlakama vivait lui-même depuis deux ans dans le maquis des montagnes de Gorongosa, pas très loin de Dondo.

Malade, c'est là qu'il est mort jeudi dernier.

"S'il était tombé pendant la guerre, ça aurait été différent. Mais il a survécu, il est juste mort d'une maladie", note Joao Bernardo, "pour nous c'est aussi une victoire".

'Héros'

A ses côtés, Luisa Jequecene, chemisier jaune à pois noirs, se souvient d'abord de Afonso Dhlakama comme d'un chef de guerre.

>> Lire aussi : Incertitudes au Mozambique après la mort du chef historique de l'opposition

"Nous étions ensemble sur le champ de bataille. Il préparait les hommes à lutter contre le régime marxiste, il les entraînait à libérer des zones", dit l'ancienne combattante du "détachement féminin" de la Renamo, aujourd'hui âgée de 48 ans.

"Le président Dhlakama était une bonne personne", poursuit-elle, "il m'avait choisi avec trois autres filles pour une formation, un cours de politique, destiné à expliquer à nos amies que nous combattions pour nous libérer du régime marxiste-léniniste".

Luisa Jequecene ne sait pas si les négociations de paix entamées par son défunt chef avec le président Filipe Nuysi vont aboutir. Mais elle EST sûre d'une chose. Avec ou sans Afonso Dhlakama, "la Renamo va continuer".

Son "collègue" du parti Carlitos Nhambo Vasco, 44 ans, a lui aussi combattu dans les rangs de la Renamo lorsqu'il avait à peine 15 ans. "Pour défendre la démocratie", dit-il.

A ses yeux, son chef disparu était un "héros" et les atrocités qui lui ont été reprochées pendant la guerre civile des mensonges. "Lorsque l'on se retrouve en face de l'ennemi et qu'on a une arme, c'est à celui qui tirera le premier", plaide-t-il.

>> Lire aussi : Décès d'Afonso Dhlakama, chef du principal parti d'opposition au Mozambique

Même démenti lorsqu'on évoque les enfants-soldats recrutés en masse par la Renamo. "A 16 ans on est déjà un homme, on peut porter un (fusil d'assaut) AK47", plastronne l'ancien guérillero. "La Renamo recueillait bien des enfants mais c'était parce qu'ils étaient abandonnés par leurs parents, elle s'occupait d'eux".

Depuis jeudi, Carlitos Nhambo Vasco est inconsolable.

"Il va être difficile de combler l'espace qu'il a laissé car il planifiait tout (...) il n'y a personne pour le remplacer, c'est une perte incommensurable", se désole-t-il.

"Nous ne perdons pas seulement un père pour le Mozambique ou pour l'Afrique, mais un père pour le monde entier".

Avec AFP

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