Le tableau brossé dans la capitale américaine en marge des assemblées du FMI et de la Banque mondiale n'incite guère à l'optimisme: la croissance économique est là, mais elle est fragile et fait face à de nombreux périls.
"Nous sommes en mode alerte, mais pas en mode alarme", a résumé jeudi la directrice générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde.
Réunis depuis jeudi soir, les représentants des principaux pays industrialisés et émergents du G20 livreront leur propre diagnostic vendredi en pointant les principaux périls qui menacent la croissance.
La possible sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne devrait sans surprise figurer dans leur communiqué final. A deux mois et demi d'un référendum qui décidera de l'avenir européen du pays, la perspective d'un "Brexit" affole les milieux d'affaires et les chancelleries occidentales.
C'est "clairement un risque à l'horizon", a assuré Mme Lagarde, formant l'espoir que le lien unissant l'UE et Londres ne soit pas rompu. "Comme dans tous les mariages, le dialogue peut aider", a-t-elle assuré.
De nombreux pays sur le globe sont, eux, déstabilisés par la chute des cours des matières premières qui s'accélère sous l'effet du ralentissement économique du géant chinois et de sa perte d'appétit.
"Nous continuons à faire face à une demande globale plus faible, des conditions financières plus difficiles, des flux de capitaux plus volatils et des défis sécuritaires plus élevés", a résumé le G24 qui regroupe des pays émergents et à faibles revenus.
Des menaces moins économiques pèsent sur la croissance du globe, notamment la crise des migrants, le changement climatique et des épidémies sanitaires. "Chacun de ces trois risques fait peser de très clairs risques de détérioration pour l'économie globale", a affirmé le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim.
- Appel à la transparence financière -
Le G20 Finances ne mentionnera peut-être pas tous ces périls dans son communiqué final mais il pourra difficilement faire l'impasse sur l'onde de choc des Panama Papers, qui a révélé un vaste système international d'évasion fiscale.
La Banque mondiale et le FMI ont tous deux souligné combien le combat pour la transparence financière était crucial en ces temps de ralentissement économique et d'austérité budgétaire.
Ils ne sont pas seuls. Les cinq principales économies européennes, dont la France et le Royaume-Uni, ont lancé un appel commun jeudi soir à Washington exhortant le G20 Finances à passer à l'action en établissant une nouvelle liste de paradis fiscaux et en mettant fin à l'anonymat entourant les sociétés offshore.
"Des paroles de condamnation ne suffisent pas (...), il faut une action internationale maintenant", a estimé le ministre britannique des Finances, George Osborne, lors d'une conférence de presse.
L'initiative européenne, à laquelle l'Allemagne est également associée, vise plus précisément à mettre un terme au système qui permet de créer des sociétés sans dévoiler l'identité de leurs ayants droit.
"Dans le futur, personne ne devrait être en mesure de se cacher derrière de complexes structures légales", a ajouté le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble.
Reste à savoir comment cette proposition sera accueillie par l'ensemble des membres du G20 Finances et notamment par les Etats-Unis.
Certains Etats américains, notamment le Delaware, se sont rendus célèbres pour la facilité avec laquelle un particulier peut créer une société sans révéler son identité, rendant sa traque par les administrations fiscales virtuellement impossible.
En attendant de livrer son verdict, le G20 Finances a en tout cas enregistré le retour en son sein de l'Argentine, qui a rompu avec son isolement sur la scène économique international en réglant son long litige sur sa dette.
"L'Argentine est de retour. Je remercie la plupart des gens pour leur patience au cours des récentes années", a déclaré le ministre argentin des Finances, Alfonso Prat-Gay, à Washington.
Avec AFP