Les négociations entamées entre les autorités nigériane et un gang armé qui a enlevé mercredi 42 personnes, dont 27 enfants, d'un internat du district de Kagara font l'objet de vives critiques.
Les autorités estiment que la négociation reste la seule voie car toute action militaire pourrait entraîner des morts inutiles. Le gouvernement de l'État de Niger, où le rapt s’est déroulé, affirme avoir pris contact avec les ravisseurs par l'intermédiaire de dirigeants des communautés qui, selon eux, les connaissaient.
Mais de nombreux Nigérians ne voient pas d’un bon œil ces négociations et manifestent leurs inquiétudes.
"Toutes ces petites négociations dans les coulisses en cours pour des rançons encouragent les mauvaises attitudes et aggravent la situation sécuritaire dans le nord-est", fustige Idayate Hassan, directrice du Centre pour la démocratie et le développement. "En décembre, nous avons vécu la pire expérience lorsque plus de 300 enfants ont été enlevés à Katsina".
Bright Ojo, une résidente d'Abuja, ne soutient pas non plus l’action du gouvernement. "Le fait de négocier avec ces gens les encourage. Comment nous expliquer ce qui va se passer avec les fonds du budget national qu’ils utilisent pour les négociations. C’est une forme de détournement de fonds publics", tranche-t-elle. "Je ne vois pas comment un gouvernement digne d’un pays doit aller négocier avec des criminels", ajoute-t-elle.
"Les autorités sont-elles en harmonie ?"
Pour Kabiru Adamu, expert en sécurité, le gouvernement n’a pas d'autre choix que de négocier: "Honnêtement parlant, ils n’ont aucune autre option, vu que les élèves ont été enlevés et se trouvent dans les mains des criminels".
Entre temps, sur le terrain, un dispositif de sécurité impressionnant est déployé pour aider à ramener les personnes enlevées. Il comprend la police, l’armée et des unités de renseignement.
Le dernier enlèvement de masse est survenu deux mois après le rapt de plus de 300 élèves dans une école de Kankara, dans l’Etat de Katsina, l'État d'origine du président Buhari, alors que le président était en visite dans la région.
Ils ont été libérés après des négociations, mais l'incident a déclenché l'indignation et les souvenirs des enlèvements jihadistes d'écolières nigérianes à Dapchi et Chibok qui ont choqué le monde.
Les enlèvements ne sont que l'un des défis sécuritaires auxquels est confronté le gouvernement de M. Buhari depuis son élection en 2015. Il est aussi confronté à une insurrection djihadiste dans le nord-est, ainsi qu'à des tensions ethniques dans certaines régions du sud.
Le cardinal John Onaiyekan se dit préoccupé par la situation actuelle dans son pays.
"Je me demande si nous voyons les choses de la même manière, c’est ça ma préoccupation majeure", confie l'évêque d’Abuja. "Existe-t-il des gens qui ont un agenda caché ? Le gouvernement est-il lui-même uni ? Et lorsque je parle de gouvernement je ne parle pas seulement du gouvernement fédéral mais aussi des gouvernements des Etats et des autorités locales. Nous autres citoyens, nous voulons savoir ce qui se passe".