Les répercussions de la pandémie de coronavirus, l'impact de la guerre en Ukraine sur l'approvisionnement en produits alimentaires et en carburant et la lutte coûteuse contre le changement climatique sont pénibles pour les pays riches, mais bien pires pour les 1,3 milliard de personnes, soit 14% de la population mondiale vivant dans les 46 PMA.
"Les multiples crises qui sévissent aujourd'hui sont particulièrement graves dans les PMA", a affirmé Agnes Chimbiri-Molande, ambassadrice du Malawi auprès des Nations unies et porte-parole des PMA à l'ONU.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres et les dirigeants et représentants de 33 pays d'Afrique, 12 pays d'Asie-Pacifique et d'Haïti se réuniront cinq décennies après la création par l'ONU de la catégorie des PMA dans le but d'apporter un soutien international particulier pour les membres les plus vulnérables et les plus défavorisés.
Un plan d'action en faveur de ces pays a été adopté lors de l'Assemblée générale de l'ONU l'année dernière. Toutefois, aucune promesse de contribution financière majeure n'est prévue lors du sommet de Doha reporté à deux reprises à cause du coronavirus. Des milliers d'experts et militants sont attendus également au Qatar où les PMA veulent s'assurer que les promesses seront tenues et donner un nouvel élan, selon des experts.
Mais les progrès réalisés avant même l'apparition du coronavirus étaient "décevants", selon Matthias Boussichas, responsable des programmes à la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (Ferdi), basée en France. La communauté internationale, a-t-il dit, doit s'attaquer aux "handicaps structurels": au commerce et à la croissance, auxquels les PMA sont confrontés depuis des décennies, plutôt qu'aux crises récentes.
"Si nous les laissons derrière nous... le fardeau retombera sur la communauté internationale", a mis en garde Rabab Fatima, haut représentant des Nations unies pour les PMA.
Commerce et investissement
Selon la Banque mondiale, le salaire moyen en Afghanistan est estimé à quelques centaines de dollars par an, contre 65.000 dollars aux Etats-Unis. A peine seule la moitié des plus pauvres ont l'électricité et seulement une sur cinq personnes peut se connecter à l'internet, selon l'ONU.
Depuis 1971, le nombre des PMA – 24 au départ – a presque doublé. Grâce à leur désignation parmi les pays plus défavorisés, ils bénéficient de privilèges commerciaux et d'un accès plus facile aux aides et autres financements.
Le minuscule Bhoutan devrait "sortir" cette année de la catégorie des PMA. Le Bangladesh, le Laos, le Népal, l'Angola, Sao Tomé-et-Principe et les îles Salomon devraient suivre d'ici 2026. Ils perdront peu à peu leurs privilèges mais continueront à avoir besoin d'aide, même après leur "promotion", selon M. Boussichas.
Quelque 500 chefs d'entreprises de plusieurs pays sont attendus à ce sommet pour stimuler l'investissement privé dans les pays pauvres, selon Mme Fatima. Microsoft s'est déjà engagée jeudi à fournir l'internet à 20 millions de personnes supplémentaires en Afrique, s'ajoutant à une promesse de 10 millions faite l'année dernière dans le cadre d'un plan visant à connecter 100 millions de personnes en Afrique d'ici 2025.
Il s'agit d'un "grand objectif", a indiqué à l'AFP le président de Microsoft, Brad Smith. "Cela nécessite le soutien des gouvernements,(...) des investissements financiers. Mais c'est un chiffre réalisable", selon lui. "Ce dont ils ont besoin, c'est en partie du commerce et de l'investissement, et pas seulement de l'aide étrangère. Et nous voyons la technologie numérique comme un catalyseur potentiel pour l'investissement, le commerce et la croissance économique", a ajouté M. Smith.