L'adaptation, c'est à dire les mesures pour réduire l'exposition et la vulnérabilité des pays et populations aux effets du changement climatique, est un point important de l'accord de Paris de 2015 visant à limiter le réchauffement, qui insiste sur les besoins d'aide en la matière des pays en développement, souvent les plus exposés.
Les pays les plus riches s'étaient alors engagés à porter à 50 milliards de dollars par an les financements dans ce domaine en 2020. Mais selon les chiffres officiels de l'OCDE ce montant n'a atteint que 16,8 milliards en 2018.
Et Care International évalue dans son rapport le véritable montant à seulement 9,7 milliards. Pour aboutir à ce chiffre, l'ONG et ses partenaires en Afrique et en Asie du Sud-Est ont étudié 112 projets d'adaptation climatique, représentant 13% des montants annoncés au niveau mondial pour la période 2013/17, financés par 25 pays donateurs.
Or les financements annoncés réellement alloués à l'adaptation climatique étaient en fait surestimés de 42%. En extrapolant ces données aux montants globaux annoncés pour l'adaptation, l'ONG estime qu'ils ont été surévalués de 20 milliards.
Selon l'ONG, le Japon aurait ainsi surévalué ses financements de projets d'adaptation et 1,3 milliard, la Banque Mondiale de 832 millions ou encore la France de 104 millions, dont 93 millions de dollars alloués à un programme de financement des collectivités locales et de décentralisation aux Philippines, dont 5% du budget seulement est en fait affecté à l'adaptation.
"Les pays les plus riches manquent cruellement à leurs obligations en débloquant des enveloppes financières bien en-dessous des besoins et en surestimant gravement et sciemment leurs investissements climatiques en faveur de l'adaptation", selon Fanny Petitbon, experte climat de l'ONG, qui appelle notamment la France à "rectifier le tir (... et) passer à la vitesse supérieure".
Le Programme des Nations unies pour l'Environnement avait déjà alerté la semaine dernière sur les niveaux insuffisants de financements des projets d'adaptation climatique dans le monde. Evalués à quelque 30 milliards de dollars par an par le PNUE, ils seraient ainsi loin de couvrir les besoins des seuls pays en développement, actuellement estimés à 70 milliards par an et qui devraient atteindre 140 à 300 milliards en 2030 et 280 à 500 milliards en 2050.