Les bureaux de vote ont fermé à 18H00 (même heure en GMT) sans qu'aucun incident n'ait été signalé. Les résultats ne seront pas connus avant la fin de la semaine.
Les municipales sont "un des maillons les plus importants qui manquaient à la chaîne. Nous nous satisfaisons d'avance de la mise en place des mairies et des conseils régionaux qui vont permettre d'accomplir cette mission de démocratie à la base", a déclaré le président burkinabè Roch Marc Christian Kaboré après avoir glissé son bulletin dans l'urne à Ouagadougou.
Quelque 5,5 millions d'inscrits étaient appelés aux urnes pour ces élections qui doivent tourner définitivement la page de la Transition, issue du renversement du dirigeant chassé par la rue en octobre 2014 après 27 ans au pouvoir.
"J'ai voté pour que les conseillers municipaux et le prochain maire réparent bien nos routes et surtout règlent les coupures d'eau récurrentes dans notre quartier", témoignait Amado Ilboudo, 56 ans, venu voter à l'école Gueswenbala, dans la banlieue sud de Ouagadougou.
"Je veux le changement. (...) J'espère que mon parti va gagner et qu'on remportera les six postes dans notre secteur", espérait Adja Tapsoba, candidate au conseil municipal dans le quartier de la Patte d'oie de l'arrondissement 12, au nom du parti présidentiel.
Plus de 80 partis et formations briguent 20.000 postes de conseillers municipaux qui vont désigner les maires devant administrer pendant les cinq prochaines années les 368 communes du Burkina Faso. Le régime de la Transition avait dissous tous les conseils municipaux mis en place sous Blaise Compaoré et remplacé les maires par des préfets en attendant l'organisation d'élections.
Le président Kaboré, élu fin novembre au 1er tour avec 53% des voix, espère une victoire éclatante pour conforter son pouvoir et celui de son parti, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP).
Le CDP, l'ancien parti-Etat de M. Compaoré, et ses alliés de l'ancienne majorité présidentielle souhaitent quant à eux se remettre en selle après la dissolution par la Transition des conseils municipaux dont ils contrôlaient la quasi-totalité.
De son côté, l'Union pour le progrès et le changement (UPC), dont le leader Zéphirin Diabré a fini deuxième de la présidentielle, compte améliorer ses acquis.
Faible participation
Ce scrutin, initialement programmé le 31 janvier, a été reporté après l'attaque jihadiste ayant fait 30 morts au centre de Ouagadougou le 15 janvier.
La sécurité des bureaux de vote, notamment le long de la frontière malienne où deux gendarmes ont été blessés lors d'une attaque cette semaine, constituait un des enjeux de la journée. Au total, 24.000 policiers, gendarmes et militaires ont été déployés dans le pays dimanche.
La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a annoncé samedi le report à une "date ultérieure" du scrutin dans trois communes rurales à cause d'actes de "vandalisme" perpétrés contre ses bureaux dans ces localités, qui représentent moins de 1% de l'ensemble des communes.
Quelques heures après l'ouverture des bureaux de vote à 06H00, la participation demeurait cependant faible comparée à la présidentielle de novembre 2015.
"L'affluence devant les bureaux de vote n'est pas aussi importante que pour la présidentielle (...) parce que les élections municipales ne drainent pas de foule", a expliqué le président de la CENI, Me Barthélemy Kéré.
A l'intérieur du pays, notamment à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du pays, le scrutin s'est déroulé normalement.
"Nous avons débuté le scrutin à l'heure dans la plupart des bureaux de vote et tout se déroule normalement (...). Le hic c'est la participation ici. Les gens ne sortent pas voter", a déploré un membre de la Commission électorale locale, joint au téléphone depuis Ouagadougou.
A Dori et Gorom-Gorom ou Djibo, deux villes de la région du Sahel frontalières du Mali et du Niger en proie à des attaques terroristes répétées, le scrutin s'est déroulé sans incident, selon des habitants joints par l'AFP.
L'installation de nouveaux conseils municipaux devrait permettre le redémarrage de la coopération décentralisée dont le Burkina Faso est l'un des principaux bénéficiaires dans le monde.
Une grande partie des communes du Burkina sont jumelées à des villes africaines et européennes, surtout françaises. Outre la coopération culturelle, sportive et même économique, ces jumelages permettent de mettre en place de nombreux projets de développement en faveur des populations à base notamment de construction d'écoles, de centres de santé, de routes et d'adduction d'eau potable.
Avec AFP