Lundi et mardi, Jean-Marc Ayrault et Frank-Walter Steinmeier ont, pour leur troisième voyage officiel commun (après l'Ukraine et la Libye), rencontré les présidents et les ministres des Affaires étrangères malien et nigérien et insisté, devant la presse, sur la dimension européenne de leur démarche.
Mardi à Niamey, Jean-Marc Ayrault, s'exprimant au nom de l'UE, a estimé que "le problème de la sécurité en Afrique se pose maintenant". "Quand la France intervient au Mali, en janvier 2013, a-t-il ajouté, elle est seule, même si elle est soutenue politiquement et officiellement par l'Union européenne et les Nations Unies. Mais aujourd'hui elle n'est plus seule, parce qu'il y a eu une prise de conscience que cette sécurité était essentielle pour la stabilité de toute l'Afrique de l'Ouest. Il faut continuer ce combat."
S'ils n'ont pas annoncé d'initiative nouvelle ou de nouveaux projets concrets, les deux ministres ont rappelé la volonté de Paris et Berlin d'assister Bamako et Niamey sur le dossier des migrations. Les estimations de l'Office international des migrations (OIM), dont ils ont visité les bureaux à Niamey, font état d'environ 150.000 passages de migrants par an à travers le Niger, en direction du Nord.
"Devoir de solidarité"
"Les défis sécuritaires, migratoires et de développement sont liés, tout va de pair", a assuré le ministre français. "Les destins du continent africain et de l'Union européenne sont liés. Nous avons voulu, en venant ici, adresser un message à nos concitoyens en France, en Allemagne et en Europe : nous avons un devoir de solidarité, mais nous avons aussi des intérêts ici".
Le chef de la diplomatie allemande a pour sa part rappelé l'engagement de son pays à porter prochainement à 650 le nombre de ses soldats au contingent de la Minusma (mission de l'ONU au Mali).
"Il y a une responsabilité de l'Allemagne et de l'UE pour la stabilisation du Mali", a-t-il déclaré. "La réussite des plans de paix et de réconciliation au Mali sont importants pour toute la région, et pour l'Europe".
A Bamako, les deux ministres ont visité la maison dans laquelle, grâce à des fonds allemands, une ambitieuse opération de sauvegarde et de numérisation des légendaires manuscrits de Tombouctou est en cours. Ils avaient été évacués clandestinement pendant l'occupation de la ville par les forces jihadistes, en 2012.
Lors d'une brève escale à Gao (nord du Mali), les deux ministres ont rendu hommage aux trois soldats français de l'opération Barkhane morts en avril dans l'explosion d'une mine au passage de leur blindé, et se sont entretenus avec les chefs de l'opération.
A Niamey, outre leurs entretiens officiels, ils ont rencontré dans les locaux de l'OIM six jeunes migrants,qui après avoir échoué dans leurs tentatives de gagner l'Europe, leur ont fait les récits terribles de la façon dont ils ont été traités, en Algérie, au Maroc ou en Libye.
Avec AFP