Le texte, signé à Kigali en juin dernier, a été formellement approuvé par le gouvernement mozambicain mardi, ouvrant la voie à une ratification par le parlement. Le Sénat rwandais a de son côté ratifié le traité en début de semaine.
Le Rwanda est régulièrement accusé de pourchasser des opposants en exil, une accusation qu'il a toujours niée. "Cet accord fait peur", a déclaré sous couvert de l'anonymat à l'AFP un porte-parole de l'association des réfugiés rwandais au Mozambique.
"Nous aimerions qu'il soit utilisé à des fins de justice, mais les événements récents nous laissent à croire qu'il s'agit plutôt de persécution", a-t-il ajouté. Plusieurs dissidents rwandais ont été assassinés ou ont disparu après avoir été enlevés, en Afrique australe ces dernières années.
Notamment au Mozambique: un ancien lieutenant rwandais a été abattu dans une banlieue de Maputo en 2021, et en 2012, le corps de l'ancien chef de la Banque de développement du Rwanda a été retrouvé flottant en mer au large de la capitale. Le porte-parole du gouvernement mozambicain, Filimao Suazi, a précisé que le traité d'extradition couvrait les crimes et les sentences passés et à venir.
Des milliers de réfugiés rwandais vivent au Mozambique, selon les Nations Unies. La plupart se sont installés dans le pays après le génocide rwandais de 1994 qui a coûté la vie à quelque 800.000 personnes. Depuis, le président rwandais Paul Kagame dirige son pays d'une main de fer.
Selon l'Unité de suivi des fugitifs du génocide du Rwanda, 13 fugitifs suspectés d'y avoir participé vivent au Mozambique. La cheffe de l'opposition Victoire Ingabire, une critique virulente de Kagame, a craint auprès de l'AFP que le traité n'ouvre la voie à des abus.
"Des gens fuient leurs pays à cause de la politique et des persécutions, et le gouvernement peut utiliser ce genre de traités pour opprimer et fabriquer des crimes à seules fins de les faire extrader", a-t-elle déclaré.
Lors de la cérémonie de signature du traité en juin, la ministre rwandaise des Affaires juridiques, Soline Nyirahabimana, avait estimé que le traité permettait aux deux pays d'être "désormais à l'abri des criminels".
Kigali a aidé le Mozambique à combattre une insurrection islamiste dans le nord du pays, une région riche en gaz, en déployant plus de 2.000 soldats et en plaçant de vastes secteurs sous le contrôle du gouvernement.