Les sanctions "ralentissent les opérations de l'ONU dans le pays, avec un impact sur la fourniture de rations alimentaires, les kits de santé et d'autres aides humanitaires", a-t-il précisé lundi au Conseil de sécurité lors d'une réunion annuelle sur les droits de l'Homme en Corée du Nord. Il a réclamé d'en minimiser les conséquences négatives.
"La situation humanitaire et des droits de l'Homme en Corée du Nord est terrible et c'est la faute des autorités, c'est très clair", avait asséné avant la rencontre l'ambassadeur japonais à l'ONU, Koro Bessho, tandis que son homologue britannique, Matthew Rycroft, assurait que toute sanction était pesée à l'aune de son impact sur la population.
La Chine, proche soutien de Pyongyang, a tenté en vain d'empêcher la réunion. Mais lors d'un vote de procédure, dix membres du Conseil se sont prononcés en sa faveur, trois contre (Chine, Russie, Bolivie) et deux se sont abstenus.
Une majorité d'au moins neuf voix était nécessaire pour tenir la réunion. Le droit de veto des cinq membres permanents ne s'applique pas lors d'un vote de procédure.
"La priorité du Conseil est la paix et la sécurité internationale" et il "ne doit pas se transformer en forum pour parler des droits de l'Homme", a plaidé en vain l'ambassadeur chinois adjoint à l'ONU, Wu Haiteo. Cette réunion est "contreproductive" alors qu'une solution pacifique est recherchée dans la crise nord-coréenne, a-t-il ajouté.
"Il n'y a pas de séparation entre paix, sécurité et droits de l'Homme", a rétorqué l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley. "Si un Etat utilise la violence contre ses citoyens, elle l'utilisera contre d'autres pays", a-t-elle estimé, en appelant, "si on veut faire de la prévention", à parler aussi de la Syrie et du Venezuela.
La Corée du Nord "a un bilan désastreux qui n'a guère évolué depuis 2014", a déploré l'ambassadeur français François Delattre. "Plus de la moitié de la population souffre" d'un manque alimentaire en raison de ressources drainées vers les programmes d'armement, a-t-il dénoncé, en égrenant les atteintes aux personnes: tortures, viols, exécutions, trafics d'êtres humains...
Selon l'ONU, les retours forcés de Nord-Coréens dans leur pays, venant notamment de Chine, ont augmenté en décembre 2016, avril, juillet et novembre 2017. A leur retour, ils risquent la torture et de mauvais traitements, selon la même source.
En 2014, le rapport d'une commission d'enquête internationale avait qualifié les violations des droits de l'Homme en Corée du Nord de crimes contre l'humanité. Depuis, une réunion sur ce sujet est organisée chaque année au Conseil de sécurité à l'initiative des Occidentaux.
La réunion du Conseil de sécurité est la première d'une série cette semaine sur la Corée du Nord: mardi, le secrétaire général adjoint pour les Affaires politiques, l'Américain Jeffrey Feltmann, rendra compte de sa visite la semaine dernière à Pyongyang avant la tenue vendredi d'une session ministérielle consacrée à la crise nord-coréenne.
Avec AFP