Voici les scénarios possibles d'un départ de M. Zuma avant la fin normale de son deuxième mandat en 2019:
La démission
C'est la solution privilégiée par Cyril Ramaphosa, qui a souhaité mettre les formes et, a-t-il souligné, ne pas "humilier" qui que ce soit. Mais jusqu'à présent, le chef de l'Etat s'y est catégoriquement refusé.
Le 4 février, Jacob Zuma a une première fois rejeté la demande des six plus hauts dirigeants de l'ANC venus le prier de se démettre.
Cyril Ramaphosa a dans la foulée engagé des tractations directes avec son prédécesseur pour le faire plier. Sans résultat à ce jour.
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Le Comité national exécutif (NEC) du parti réuni lundi pourrait donc, deuxième option, "rappeler" Jacob Zuma, comme son règlement le prévoit pour tous ses membres délégués à une fonction gouvernementale.
En Afrique du Sud, la légitimité du chef de l'Etat tient de son seul parti: en l'absence du scrutin présidentiel au suffrage universel direct, ce sont les députés qui l'élisent.
Il y a déjà eu un précédent. En 2008, le même Jacob Zuma, alors à la tête de l'ANC, avait contraint le chef de l'Etat Thabo Mbeki à écourter son mandat de président de huit mois. Le parti lui avait ordonné de quitter la présidence, il avait obtempéré.
Si Jacob Zuma fait de même, le vice-président, Cyril Ramaphosa, assurera l'intérim jusqu'à l'élection d'un nouveau président par le Parlement sous 30 jours. Mais il peut refuser.
La défiance
Dans ce cas, l'ANC dispose d'une autre arme dans son arsenal, celle de la motion de défiance.
Si son texte recueille une majorité absolue de voix des députés (201 sur 400), le président tombe et son gouvernement avec lui.
Exaspérée par les scandales de corruption à répétition qui éclaboussent le sommet de l'Etat, l'opposition a recouru plusieurs fois ces derniers mois à la motion de défiance. En vain.
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Sa dernière tentative, fin août, n'a été rejetée que de 24 voix. Une trentaine de députés de l'ANC, qui dispose d'une majorité absolue de 249 élus, avaient alors profité d'un vote à bulletins secrets pour se prononcer contre M. Zuma.
Avant même de connaître l'issue de la crise actuelle, l'opposition a déjà déposé une nouvelle motion, à débattre le 22 février.
Mais l'ANC pourrait la devancer en déposant son propre texte.
Si la défiance est votée, le président du Parlement assure l'intérim jusqu'à l'élection d'un nouveau président.
La destitution
Dernier scénario envisageable, le lancement d'une procédure de destitution du chef de l'Etat devant le Parlement.
Elle ne peut être soumise au vote qu'en cas de "violation grave de la Constitution" de la part du président, d'une "faute grave" ou d'une "incapacité" à exercer sa fonction.
Elle doit être votée par les deux tiers des députés.
En 2016, le président Zuma a précisément été reconnu coupable de violation de la loi suprême par la Cour constitutionnelle pour avoir rénové sa propriété privée aux frais du contribuable. Après une âpre bataille, il avait été contraint de rembourser l'équivalent d'un peu plus de 400 euros.
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Fin décembre, la Cour constitutionnelle a reproché au Parlement de ne pas avoir, dans ce dossier, "demandé des comptes au président", et lui a ordonné de réviser ses règles de destitution.
Ce processus a été enclenché en janvier mais il pourrait prendre des semaines, voire des mois avant d'être finalisé. La durée des débats - plusieurs mois aussi - repousserait d'autant la perspective d'un départ de Jacob Zuma.
Comme en cas de démission, c'est Cyril Ramophosa qui assurerait l'intérim jusqu'à l'élection du nouveau président.
Avec AFP