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Les Seychellois aux urnes pour élire leurs président et députés


Le président des Seychelles, Danny Faure, lors de la 72e Assemblée générale des Nations unies, New York, 21 septembre 2017.
Le président des Seychelles, Danny Faure, lors de la 72e Assemblée générale des Nations unies, New York, 21 septembre 2017.

Les Seychellois votent à partir de jeudi pour élire leur président et leurs députés, un scrutin sur fond d'inquiétude pour l'économie de cet archipel de 115 îles éparpillées dans l'océan Indien, où l'épidémie de Covid-19 a fait s'effondrer le flux des touristes.

Défaite de justesse lors de la présidentielle de 2015 et forte l'année suivante de sa première victoire aux législatives dans l'histoire du pays, 40 ans après l'indépendance, l'opposition espère accéder pour la première fois à la tête de l'Etat.

Mais elle n'a pu offrir un front uni et deux candidats affronteront le président sortant Danny Faure qui, en tant que vice-président de James Michel, a achevé ces quatre dernières années le mandat de celui-ci après sa démission en 2016.

La plupart des îles de sable fin qui ont fait la réputation de l'archipel sont inhabitées et l'essentiel des quelque 98.000 Seychellois se concentrent sur celles de Mahé, Praslin et La Digue, dont les électeurs voteront samedi de 07H00 à 19H00 (03H00 à 15H00 GMT).

Jeudi et vendredi, quelques centaines d'électeurs d'une dizaine d'îles - employés d'hôtels ou de la société de gestion des zones protégées, certains transportés par bateau d'îlots alentour - voteront tour à tour dans des bureaux de vote souvent éphémères, acheminés par avion.

Le principal rival de M. Faure, 58 ans, sera le prêtre anglican Wavel Ramkalawan, dont ce sera à 59 ans la sixième candidature présidentielle et qui n'avait été défait que de 193 voix par James Michel en 2015, lors d'un second tour inédit dans l'histoire du pays.

Il représentera Linyon Democratik Seselwa (LDS, Union démocratique seychelloise), majoritaire à l'Assemblée depuis les dernières législatives (19 sièges sur 34) qui ont débouché sur une "cohabitation à l'américaine", l'exécutif devant composer avec une chambre hostile.

Troisième candidat, Alain St Ange, ex-ministre du Tourisme (2012-2016) - principal secteur économique du pays -, se présente sous les couleurs de son parti One Seychelles, dernier né sur la scène politique, il y a un an. Brillant orateur, il pourrait faire les frais de ses allers-retours entre l'opposition et le pouvoir.

M. Faure, candidat de United Seychelles, nouveau nom de l'ex-parti unique qui a donné au pays tous ses chefs d'Etat depuis 1977, pourrait payer le désir de changement de la population, sur lequel mise l'opposition.

Economie, corruption et drogue

Préoccupation majeure des électeurs, la situation économique du pays sérieusement mise à mal par l'effondrement du nombre de touristes provoqué par la pandémie de Covid-19.

Les Seychelles n'ont enregistré jusqu'ici que 148 cas, mais le virus s'est invité directement dans la campagne puisque le ministère de la Santé a interdit les meetings électoraux, baromètres du soutien et outils de démonstration de force dans un pays sans institut de sondage.

L'essentiel de la campagne s'est déroulé sur les réseaux sociaux où l'opposition et ses partisans sont les plus actifs, et à la télévision, où pour la première fois deux débats, très suivis, ont opposé les candidats.

Depuis le début de la pandémie, l'économie des Seychelles, ultradépendante du tourisme, tourne au ralenti et environ 700 Seychellois ont perdu leur emploi, pour la plupart dans le secteur touristique.

Le pays connaît également de fortes inégalités: si le revenu par habitant y est parmi les plus élevés d'Afrique, l'organisme officiel des statistiques estime que 40% des Seychellois vivent sous le seuil de pauvreté, en raison du coût élevé de la vie.

Autre thème majeur de campagne, la corruption, sujet tabou dans ce petit pays où tout le monde se connaît et où milieux politique et des affaires sont intimement liés.

Les Seychelles se classent en tête des pays les plus vertueux d'Afrique et dans les 30 plus vertueux du monde, juste derrière les Etats-Unis et la France, dans le classement de l'ONG Transparency international. Mais c'est aussi un paradis fiscal abritant de nombreuses sociétés offshore.

Une Commission anticorruption, créée en 2016, enquête notamment sur la disparition présumée d'un don de 50 millions de dollars des Emirats, mais sa lenteur - pour l'heure aucune affaire n'a été transmise à la justice - et son manque de moyens sont critiqués.

En proposant la légalisation du cannabis à laquelle s'oppose le président Faure, One Seychelles a également mis la drogue au coeur de la campagne.

Le pays détient le record du monde d'héroïnomanes par habitant et a mis en place un système de distribution de méthadone couplée à des soins, derrière lequel est désormais rangé l'ensemble de la classe politique.

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