Des centaines de manifestants ont marché mardi à Abuja, la capitale fédérale du Nigeria, vers le siège du Parlement, chantant des slogans antigouvernementaux. C'était dans le cadre d'une manifestation nationale prévue pour trois jours contre la fermeture des universités publiques.
Lancées lundi, ces manifestations se sont déroulées simultanément dans de nombreux autres États du pays.
"Les enfants des travailleurs, les enfants des infortunés, sont à la maison depuis cinq mois, personne ne s’y intéresse. Aucune raison ne peut justifier le fait que les enfants des travailleurs et des pauvres restent à la maison même un seul jour", s'indigne Ayuba Wabba, président de la centrale syndicale du Nigeria.
Depuis février dernier, les universités publiques ont fermé leurs portes en raison des désaccords qui opposent le syndicat des enseignants des universités publiques et le gouvernement fédéral.
Les grèves sont généralement liées aux salaires impayés et au manque de financement pour le développement des universités publiques. Samuel Emmanuel, président du syndicat des enseignants de l’université de l’Etat de Nassarawa, était aussi à Abuja pour apporter son soutien au mouvement.
"La grève affecte la profession d’enseignant. Elle affecte aussi mon bien être et tout ce qui concerne le secteur de l’éducation au Nigeria. Elle affecte les étudiants et les parents. Certains étudiants ont été expulsés des campus universitaires après avoir payé pour leurs dortoirs mais ils ne sont pas en classe. La grève affecte aussi l’économie du système éducatif et celle du pays dans tous les domaines", souligne-t-il.
La centrale syndicale des travailleurs nigérians accuse les autorités de refuser de donner la priorité aux négociations avec les enseignants grévistes. A l’origine de la poursuite de la grève des enseignants des universités publiques, un accord datant de 2009 à travers lequel le gouvernement promettait d'allouer plus de fonds aux universités et de leur accorder une plus grande autonomie de gestion. Deux gouvernements successifs n'ont pas tenu leurs promesses et le syndicat des enseignants exige désormais la mise en application de cet accord.
Du côté du gouvernement, on affirme que les quelque 220 milliards de nairas prévus dans l'accord de 2009 (environ 500 millions de dollars) constituent un montant trop élevé. Pour leur part, les syndicalistes accusent les autorités de négliger le secteur de l’éducation.
Pendant que le bras de fer syndicats-gouvernants perdure, les étudiants paient les pots cassés. C'est le sentiment exprimé par Idriss Jonas, un jeune étudiant qui a participé à la manifestation d’Abuja.
"Cette nouvelle grève des enseignants nous affecte et particulièrement moi dans diverses manières. Je suis présentement à la maison sans rien faire. Sauf des commissions pour mes parents. Je souhaiterais terminer mes études rapidement. Certains de nos amis étudiants qui devraient terminer leurs études en 2020 attendent toujours à la maison à cause de ces multiples grèves", a confié l'étudiant.