"Joyeux Noël. Je ne peux pas parler aux médias maintenant. Je le ferai plus tard", a déclaré l'opposant à sa sortie des locaux de la DSS à Abuja, manifestement heureux de pouvoir retrouver sa famille pour les fêtes.
Le Nigeria était sous le feu des critiques ces dernières semaines après la nouvelle arrestation rocambolesque le 6 décembre d'Omoyele Sowore, au lendemain de sa libération sous caution après plusieurs mois de détention et en plein durant son procès pour "trahison".
Après plusieurs mois en détention dans les locaux de la DSS, Sowore, patron du journal en ligne Sahara Reporters, venait juste d'être libéré à la suite d'une décision de justice lançant un ultimatum pour qu'il comparaisse libre à son procès, lors de sa ré-arrestation le 6 décembre.
En septembre, un tribunal avait déjà ordonné sa libération, mais la DSS n'avait pas suivi la décision de justice.
Candidat malheureux à la présidentielle de février et pourfendeur virulent du pouvoir, Sowore, 48 ans, avait été arrêté le 1er août pour avoir appelé à l'organisation d'une manifestation de masse, "Révolution maintenant".
Il reste accusé de trahison, de blanchiment d'argent et de cyberharcèlement contre le chef de l'Etat.
Le gouvernement avait annoncé quelques heures plus tôt avoir demandé sa libération, ainsi que celle d'un ancien conseiller à la sécurité, le colonel Sambo Dasuki, détenu par la DSS malgré de multiples décisions de justice réclamant sa libération sous caution.
"J'ai ordonné aux services de sécurité de l'Etat de se conformer à l'ordonnance (judiciaire, ndlr) accordant une mise en liberté sous caution aux défendeurs et de procéder à leur libération", avait déclaré dans un communiqué le ministre de la Justice, Abubakar Malami.
"Les deux accusés sont tenus de respecter les conditions de leur mise en liberté sous caution et de s'abstenir de tout acte susceptible de contrevenir à la paix publique et à la sécurité nationale ainsi qu'à leur procès en cours", a-t-il ajouté, précisant que le parquet conserve le droit de s'opposer à ces libérations sous caution en faisant appel.
Le colonel Sambo Dasuki, ancien conseiller à la sécurité de l'ex-président Goodluck Jonathan, est incarcéré depuis 2015 et accusé d'avoir détourné deux milliards de dollars du budget de la Défense.
Les fonds détournés auraient servi à financer la campagne présidentielle de M. Jonathan en 2015 et à acheter des armes et des équipements militaires pour lutter contre le groupe jihadiste Boko Haram opérant dans le nord-est du Nigeria.
Goodluck Jonathan avait finalement perdu la présidentielle contre Muhammadu Buhari, qui a lancé une vaste campagne pour tenter d'éradiquer la corruption généralisée dans l'administration nigériane.
Mais ses détracteurs accusent l'actuel président de mener une chasse aux sorcières visant surtout des membres de l'opposition et du gouvernement de l'époque Jonathan.
La société civile, certains médias et l'opposition ont dénoncé à plusieurs reprises ces derniers mois une dérive sécuritaire qui rappelle selon eux les années de dictature militaire qu'a connues le pays jusqu'à l'avènement de la démocratie en 1999.