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Libye: le gouvernement gagne du terrain à Tripoli


Fayez el-Sarraj, chef du gouvernement d'union nationale (GNA), Tripoli, le 3 avril 2016.
Fayez el-Sarraj, chef du gouvernement d'union nationale (GNA), Tripoli, le 3 avril 2016.

Les forces loyales au gouvernement d'union nationale libyen (GNA) ont gagné du terrain à Tripoli en chassant mercredi des groupes rivaux de leurs fiefs, au prix de violents combats qui ont paralysé la ville.

La capitale libyenne, en proie à une insécurité chronique depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, est sous la coupe de dizaines de milices.

Le GNA, soutenu par les Nations unies, a obtenu le ralliement de certaines d'entre elles depuis son entrée en fonction en mars 2016, mais plusieurs secteurs de Tripoli sont toujours hors de son contrôle.

Mercredi, des forces loyales au gouvernement d'union ont pu chasser des groupes armés de leur quartier général, au sud du centre-ville, après des heures de violents combats, notamment à l'arme lourde, selon un témoin et une source de sécurité.

Mardi elles avaient lancé l'assaut sur un complexe d'une dizaine de villas luxueuses servant de siège à des milices fidèles à l'ancien chef d'un gouvernement non reconnu, Khalifa Ghweil, écarté du pouvoir à Tripoli après la formation du GNA.

"Les forces de Ghweil sont parties et les forces du GNA ont pris le contrôle du secteur", a indiqué mercredi à l'AFP un témoin sur place, faisant état d'"importants dégâts sur les bâtiments".

Une source de sécurité à Tripoli a confirmé l'information, sans être en mesure de donner le bilan d'éventuelles victimes.

Milices de Misrata

Selon des sources proches de Khalifa Ghweil, ce dernier a été blessé dans l'attaque, mais ses jours ne seraient pas en danger.

M. Ghweil, qui a multiplié les gestes de défiance à l'encontre du GNA, est appuyé par des milices de sa ville natale de Misrata (ouest) ainsi que par d'autres groupes à Tripoli, basés notamment dans le sud de la capitale.

L'hôpital al-Khadhra, situé non loin des combats, a été touché par une roquette, sans faire de victime, selon un infirmier.

Le siège de la télévision privée al-Nabaa, connue pour ses orientations islamistes, a par ailleurs été attaqué par des inconnus dans la nuit, provoquant un début d'incendie et la suspension de la diffusion, selon des témoins. Ses programmes étaient toujours interrompus mercredi.

Mercredi Tripoli était toujours paralysée par les violences, pour le troisième jour consécutif.

Les combats avaient commencé lundi soir dans les quartiers résidentiels et commerciaux de Hay al-Andalous et Gargaresh, dans l'ouest de la capitale, et d'autres affrontements avaient également eu lieu mardi dans ce secteur.

La direction de la police de Tripoli, dépendante du GNA, a précisé mercredi dans un communiqué que "les opérations sécuritaires et militaires qui se déroulent à Tripoli" visent "des groupes hors-la-loi qui déstabilisaient la sécurité et incitaient au chaos".

"Il était (de notre) devoir de les éradiquer et de les combattre pour stabiliser la capitale", a ajouté la police.

'Echec lamentable'

Ce coup de force du GNA coïncide avec une offensive menée mardi, à plus de 700 km à l'est de Tripoli, par les forces loyales au maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort des autorités parallèles basées dans l'est libyen et qui conteste la légitimité du gouvernement d'union.

Les forces pro-Haftar ont réussi à reprendre rapidement le contrôle de deux sites pétroliers tombés début mars aux mains de groupes armés rivaux, les Brigades de Défense de Benghazi (BDB).

Le maréchal Haftar et le Parlement élu qui l'appuie accusent le GNA d'appuyer les BDB, composées notamment de combattants islamistes.

Mais le gouvernement d'union nationale nie tout lien avec les violences dans le Croissant pétrolier.

Selon Mohamed Eljareh, chercheur à l'Atlantic Council, "ce qui se passe à Tripoli est dû à l'échec lamentable des arrangements de sécurité de l'Accord politique libyen négocié par l'ONU" en 2015 et qui a donné naissance au GNA.

"Aucune des dispositions prévues dans cet accord n'a été mise en oeuvre sur le terrain, dans la capitale. (...) L'escalade militaire est ainsi devenue la seule option viable pour résoudre le problème des milices et de l'insécurité" à Tripoli, dit-il.

Mais une telle option "ne peut pas être considérée comme un succès en raison de l'impact sur les civils et les infrastructures", ajoute-t-il.

Avec AFP

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