BAGDAD (Reuters) - L'assaut des forces gouvernementales irakiennes pour reprendre Tikrit aux djihadistes de l'Etat islamique semblait à l'arrêt vendredi, deux jours après leur entrée dans la ville natale de l'ancien dictateur Saddam Hussein.
De source au centre de commandement de l'armée, on précise que les soldats et les miliciens chiites qui les appuient ont reçu pour instruction de camper sur leurs positions en attendant l'arrivée de renforts. Quelques combats ont néanmoins été signalés, notamment dans le sud de Tikrit où les forces spéciales irakiennes ont attaqué sans succès à l'aube une école de médecine. Trois soldats y ont été tués et six autres dans l'ouest de la ville dans un attentat suicide à la voiture piégée.
Les djihadistes contrôlent environ la moitié de Tikrit, dont le complexe présidentiel fortifié construit à l'époque de Saddam Hussein. Leur porte-parole, Abou Mohamed al Adnani, a affirmé dans un message audio diffusé jeudi que les combattants de l'Etat islamique (EI) étaient "inébranlables" et qualifié de "mensonge" la progression des forces de Bagdad.
Selon Hadi al Amiri, chef de l'organisation paramilitaire chiite Badr, l'issue de la bataille ne fait aucun doute mais les forces irakiennes entendent prendre leur temps pour déloger les extrémistes sunnites. "Nous ne sommes pas pressés, nous avons un plan et nous l'appliquons à la lettre", a-t-il déclaré à la télévision irakienne depuis la ligne de front. "Même si la bataille dure encore deux, trois ou quatre jours, ce n'est pas un problème. Nous finirons par fêter la libération de Tikrit."
Contrairement aux combattants kurdes dans le nord de l'Irak et de la Syrie, les forces gouvernementales irakiennes n'ont pas bénéficié jusqu'à présent à Tikrit de l'appui aérien de la coalition formée par les Etats-Unis, qui ont indiqué ne pas souhaiter se coordonner avec les officiers iraniens qui encadrent les miliciens chiites.
Cette implication ouverte de Téhéran inquiète surtout les sunnites en Irak et au-delà. La semaine dernière, le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud al Faiçal a estimé que la bataille de Tikrit illustrait la "main mise" de l'Iran sur l'Irak.