Des manifestants ont bloqué mercredi certaines rues de Kinshasa dans l'espoir d'interdire l'accès au Palais du peuple, le bâtiment qui abrite l'Assemblée nationale, où un projet de réforme judiciaire controversé devait être examiné.
Introduits par le député Aubin Minaku, qui a dirigé l’assemblée de 2012 à 2019, trois projets de loi devraient placer les procureurs sous l'autorité directe du ministère de la justice, alors qu'ils sont actuellement considérés comme des agents du tribunal. Juriste de formation, M. Minaku, 55 ans, est un élu du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD), le parti fondé par l’ancien président Joseph Kabila.
Le PPRD bénéficie de l’appui du Parti lumumbiste unifié (Palu), dont l’un des élus, Gary Sakata, est co-sponsor des textes proposés.
Mais le parti du président Félix Tshisekedi, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), a déclaré par l'intermédiaire d'un porte-parole que le projet de réforme viole les principes de la séparation des pouvoirs et de l'État de droit. " Cela va à l’encontre de ce qui est prévu dans la constitution", a déclaré Simon Kalenga, un porte-parole, cité par Radio Okapi.
Ces propositions font suite à un procès pour corruption très médiatisé qui s’est soldé par la condamnation à 20 ans de prison avec travaux forcés de Vital Kamerhe, un poids lourd de la politique congolaise.
Des dénonciations fusent de toutes parts.
Mardi, un éditorial du quotidien Le Potentiel a fustigé le projet de loi Minaku, que le journal décrit comme un acte de " récession de la démocratie congolaise".
Le Syndicat autonome des magistrats du Congo (SYNAMAC) a aussi rejeté les propositions des députés Minalu et Sakata, selon la radio onusienne.
La coalition Lamuka, une alliance de partis politiques de l'opposition, a également dénoncé ces propositions et a déclaré qu'elle pourrait appeler ses partisans à descendre dans la rue.
Dans des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux mercredi, on voit des foules bloquant des rues, parfois avec jet de pierres.
"Nous bloquons l'accès au bâtiment parce que, comme son nom l'indique, c'est la maison du peuple", a lancé une manifestante dans une vidéo partagée par la journaliste Rachel Kitsita via son compte Twitter.
D’autres vidéos montrent des jeunes en train de saccager des édifices.