"Les +déserteurs+ ne seront pas accueillis à bras ouverts", a lancé M. Juncker dans un entretien au quotidien Le Monde paru vendredi.
"Si les Britanniques devaient dire +non+, ce que je n'espère pas, la vie communautaire ne continuera pas comme avant. Le Royaume-Uni devra accepter d'être considéré comme un Etat tiers, que l'on ne caressera pas dans le sens du poil", a-t-il expliqué.
M. Juncker tente ainsi de faire pencher la balance en faveur du camp d'un maintien du pays dans l'UE, à un mois du référendum sur cette question. Les derniers sondages donnent une nette avance au maintien dans l'UE mais la proportion d'indécis reste élevée, rendant le résultat très incertain.
"On passe de la peur aux menaces", a commenté Nigel Farage, chef du parti europhobe Ukip. "Je ne suis pas étonné que M. Juncker joue ce jeu-là. Il a passé sa vie à échafauder des structures non démocratiques à Bruxelles. Je n'ai rien contre lui, mais politiquement, il est hors du coup", a-t-il dit à la presse.
La mise en garde de M. Juncker fait écho à celle du président américain Barack Obama, qui avait déclaré, fin avril à Londres, que le Royaume-Uni risquait de "passer en queue de peloton" de ses relations commerciales en cas de Brexit.
Elle est une réponse aux partisans d'une sortie du pays de l'UE, ou British Exit, qui parient toujours dans leurs scénarios sur le maintien d'une relation commerciale privilégiée avec l'UE et un accès à son marché unique, décrivant un avenir florissant et radieux.
L'ex-maire de Londres Boris Johnson et figure de proue du camp pro-Brexit raillait mardi encore, en allusion au Premier ministre David Cameron, partisan d'un maintien dans l'UE, "ceux qui annoncent une 3ème Guerre mondiale et la dégringolade de l'économie si nous quittons l'UE".
- 'Plus imaginative et plus créative' dans l'UE -
Un autre chef de file de la campagne, Michael Gove, ministre de la Justice de M. Cameron, soulignait récemment qu'une sortie de l'UE provoquerait "la colère de certaines élites. Pas parce que le Royaume-uni est destiné à un futur sombre et appauvri, bien au contraire. Ce qui les fera enrager, c'est le succès du Royaume-Uni hors de l'UE".
Poussant dans le même sens que M. Juncker, une pléiade de personnalités du monde du cinéma, de la littérature, de la musique ou de la mode se sont engagées pour un maintien dans l'Union européenne, dans une lettre publiée vendredi par deux quotidiens, Daily Telegraph et Guardian
Benedict Cumberbatch, Danny Boyle, John le Carré, Vivienne Westwood ou Keira Knightley: les stars de toutes générations soulignent que "la Grande-Bretagne n'est pas seulement plus forte en Europe, elle est plus imaginative et créative, et notre succès artistique mondial serait sérieusement mis à mal par une sortie".
Signé par 282 personnalités, le manifeste est publié en même temps qu'un sondage réalisé auprès des membres de la Fédération des industries de création britannique, révélant que 96% d'entre eux souhaitent rester dans l'UE.
Parmi les raisons invoquées figurent l'accès au marché européen, aux fonds européens, la liberté de circulation des talents ainsi que l'influence exercée.
En parallèle, la cour d'appel de Londres a débouté vendredi deux Britanniques qui contestaient le fait de ne pas pouvoir voter lors du référendum.
Harry Shindler, un ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale de 94 ans vivant en Italie, et Jacquelyn MacLennan, une avocate de 54 ans résidant en Belgique, estiment que l'interdiction faite aux Britanniques expatriés depuis plus de 15 ans dans l'UE de voter le 23 juin contrevient à la liberté de circulation dans l'UE.
Les avocats des deux plaignants ont décidé de se pourvoir devant la Cour Suprême britannique et l'audience aura lieu mardi.
Avec AFP