Arrivé tout sourire avec sa femme et ses trois enfants pour être présenté au stade Santiago-Bernabeu comme nouvel entraîneur du Real, Lopetegui a eu des sanglots dans la voix au moment d'évoquer le tremblement de terre qui s'est joué mercredi à Krasnodar, camp de base de la sélection espagnole au Mondial russe.
"Hier a été le jour le plus triste de ma vie depuis la mort de ma mère. Mais aujourd'hui est le jour le plus heureux", a déclaré l'ex-sélectionneur de la "Roja", arrivé au petit matin à l'aéroport de Madrid en provenance de Russie.
L'annonce de la nomination mardi de Lopetegui à la tête du club merengue, pour succéder à Zinédine Zidane, a déclenché un véritable psychodrame à la veille du début du Mondial que la "Roja" abordait comme l'une des favorites.
Ulcéré d'avoir appris son départ, initialement prévu après le Mondial, "cinq minutes" avant la publication du communiqué du Real, le président de la fédération espagnole, Luis Rubiales, a démis mercredi de ses fonctions Lopetegui, trois semaines après l'avoir prolongé jusqu'en 2020.
Accusé de manque de loyauté à l'égard de la sélection, Lopetegui s'est défendu jeudi.
"Nous sommes convaincus que nous avons agi d'une manière absolument honnête et absolument claire", a-t-il dit. "J'aurais aimé que Rubiales ait fait les choses d'une autre manière", a-t-il ajouté.
Le président du Real, Florentino Perez, a eu des mots très durs à l'égard de la fédération espagnole. Elle a eu, selon lui, une "réponse disproportionnée, injuste et sans précédent dans le monde du football" en limogeant Lopetegui.
Perez a également dénoncé une "absurde réaction d'orgueil mal placée" et assuré que la publication mardi du communiqué du Real était un "acte de transparence" destiné à "éviter les fuites" qui auraient pu porter atteinte à la Roja.
Après l'éviction de Lopetegui, la place de sélectionneur a échu en urgence à Fernando Hierro, ancien défenseur du... Real Madrid où il a joué plus de 600 matches. Son expérience d'entraîneur principal se limite à une saison sur le banc d'Oviedo, en deuxième division espagnole.
>> Lire aussi : Lopetegui présenté par le Real
La Roja entamera son Mondial russe par un gros morceau, vendredi soir (21h locales/18h TU) : le Portugal de Cristiano Ronaldo, champion d'Europe en titre. Jeudi, elle était encore sous le choc de l'éviction de son sélectionneur.
- 'L'Espagne est groggy' -
"On ne peut pas commencer un Mondial d'une pire façon", écrit Marca, en parlant de la "crise de Krasnodar" qui plonge le football espagnol dans la tourmente, comme l'avait fait la grève des Bleus à Knysna en 2010 pour le football français.
"Vaudeville au Mondial", titre pour sa part El Mundo en évoquant "la journée la plus noire de l'histoire de la sélection espagnole".
"L'Espagne est groggy", renchérit le prestigieux El Pais, pour qui le psychodrame joué à Krasnodar est la "plus grande absurdité de l'histoire du football espagnol".
L'effet domino de la démission de Zidane -tout juste entré dans l'histoire comme le premier entraîneur à gagner trois Ligues des Champions consécutives- aura donc eu un effet dévastateur pour le football espagnol, en entraînant le recrutement de Lopetegui par le club merengue.
Il a aussi plongé la "Roja" dans le doute, alors qu'elle était invaincue en 20 rencontres et qu'elle progressait, forte de son jeu léché et de ses stars planétaires, les Iniesta, Isco, Ramos ou Piqué.
Il faudra voir désormais si l'Espagne parvient à conserver le cap sans Lopetegui.
"Nous continuons à rêver. Le rêve des joueurs et de 46,5 millions d'Espagnols est intact", veut croire Marca, en affichant en Une la deuxième étoile que la "Roja" espère accrocher à son maillot.
Avec AFP