A la barre du pays depuis son indépendance en 1975, le Mouvement populaire pour la libération de l'Angola (MPLA) a recueilli mercredi 61,1% des suffrages, selon les chiffres quasi définitifs publiés par la CNE.
Même s'il recule nettement par rapport à 2012 (72%), le MPLA rafle 150 des 220 sièges du Parlement, soit plus des deux tiers nécessaires pour faire passer ses projets de loi sans le soutien d'un autre parti.
Les deux principaux adversaires du régime, l'Unita et la Casa-CE, ont respectivement réuni 26,7% et 9,4% des voix, selon comptage portant sur le dépouillement de 97% des bureaux de vote.
Sur ce large succès s'achève la fin du mandat de trente-huit ans exercé à la tête de l'Angola par le président José Eduardo dos Santos qui, usé par la maladie, a décidé de se retirer à presque 75 ans.
Le candidat et dauphin désigné du MPLA, l'ex-ministre de la Défense Joao Lourenço, 63 ans, s'installera dans son fauteuil d'ici à quelques semaines.
Sans se prononcer sur les résultats eux-mêmes, l'opposition a contesté les conditions de la publication des résultats par la CNE, affirmant que ses représentants n'y avaient pas eu accès.
"Il y a eu violation de la loi, alors ce résultat n'a pas de valeur", a martelé vendredi devant la presse le vice-président de la Casa-CE, Andre Mendes de Carvalho.
"Ce qui est certain, c'est que nous n'allons pas nous laisser tromper", a poursuivi M. de Carvalho. Il a toutefois reporté à plus tard une éventuelle contestation du scrutin devant la justice.
Plus direct, le directeur du site d'information proche de l'opposition Maka Angola, Rafael Marques, a accusé le régime d'avoir "inventé" les résultats .
Tout au long de la campagne, les dirigeants de l'opposition ont dénoncé l'organisation du scrutin.
Selon eux, de nombreux électeurs, notamment dans leurs bastions, ont été inscrits dans des bureaux très éloignés de leur domicile et n'ont pu voter.
Unanimes, les observateurs internationaux se sont, eux, déclarés satisfaits des opérations électorales.
Il s'est "à l'évidence tenu dans un climat libre, honnête et paisible", a conclu vendredi le chef de la mission dépêchée par la Communauté de développement d'Afrique australe (SADC), Augustine Mahiga.
Le ministre tanzanien des Affaires étrangères a toutefois recommandé des mesures pour "s'assurer que les ressources de l'Etat et les médias publics ne soient pas utilisés au bénéfice d'un seul parti". Une allusion directe aux moyens sans limite utilisés par le MPLA pendant sa campagne.
Le porte-parole du MPLA Joao Martins a balayé toutes les critiques d'un revers de main.
"Chaque parti politique peut compiler les résultats et facilement les présenter en cas de contentieux électoral, plutôt que de se plaindre en conférence de presse en faisant preuve d'arrogance et en menaçant les institutions", a-t-il dit.
"Victoire du MPLA", s'est lui aussi réjoui vendredi en "une" le quotidien d'Etat Jornal de Angola.
"En obtenant la majorité absolue à un moment très défavorable, le MPLA montre qu'il conserve la sympathie et l'adhésion solides des électeurs quelle que soit la conjoncture économique", s'est félicité son directeur, José Ribeiro, dans un éditorial.
La crise économique qui a plongé l'Angola au bord de l'asphyxie financière constitue le principal défi du futur président Joao Lourenço.
Il y a trois ans, la chute des cours du pétrole, dont les revenus représentent 70% des recettes de l'Etat, a fait dégringoler la devise nationale et exploser l'inflation. Le chômage y fait des ravages parmi la population, l'une des plus pauvres de la planète.
M. Lourenço a promis un "miracle économique" et de lutter contre la corruption. Mais beaucoup doutent de sa capacité à s'attaquer au clan dos Santos.
Ses critiques accusent le président d'avoir fait main basse sur des pans entiers de l'économie. Symbole de ce "système", sa richissime fille, Isabel, a des intérêts dans la banque et les télécoms et dirige depuis l'an dernier la compagnie pétrolière nationale.
M. Dos Santos a préparé son départ en faisant voter des lois qui lui assurent notamment une large immunité judiciaire et il doit rester président du MPLA jusqu'en 2022, si sa santé le permet.
Avec AFP