"Apple est une success story comme il n'en arrive qu'en Amérique. Notre soutien à l'économie américaine est une longue histoire et nous sommes fiers de (le) renforcer" encore, a déclaré son patron, Tim Cook, cité dans un communiqué du groupe, qui prévoit également la création d'un nouveau "campus".
Première annonce, l'entreprise "prévoit de payer un impôt de rapatriement d'environ 38 milliards de dollars comme exigé par les changements récents" de la législation, a indiqué le groupe basé en Californie.
Sans surprise, les annonces ont été saluées par Donald Trump, qui a fait du rapatriement de l'argent des multinationales un de ses thèmes favoris.
"J'avais promis que ma politique permettrait à de grandes entreprises comme Apple de ramener d'énormes sommes aux Etats-Unis. Super de voir Apple le faire dans la foulée des baisses d'impôts", a-t-il tweeté, évoquant une "immense victoire pour les travailleurs américains et les Etats-Unis".
Trésor de guerre
La réforme fiscale, votée juste avant Noël, offre pendant une durée limitée aux entreprises américaines la possibilité de rapatrier les bénéfices réalisés à l'étranger à des taux variant entre 8% et 15,5%.
La taxe, qui n'est due qu'une seule fois et peut être payée sur plusieurs années, devrait rapporter au moins 220 milliards de dollars à l'Etat fédéral.
Subtilité néanmoins, cet impôt s'applique même si les bénéfices ne sont pas réellement rapatriés aux Etats-Unis...
Auparavant, les bénéfices échappaient totalement à l'impôt tant qu'ils restaient "parqués" à l'étranger et se retrouvaient imposés à 35% s'ils étaient "rapatriés" aux Etats-Unis. Du coup, certaines grosses entreprises ont accumulé un "trésor de guerre" parfois gigantesque --celui d'Apple est estimé à environ 250 milliards de dollars-- qui attise les convoitises de beaucoup de pays.
Un paiement de quelque 38 milliards de dollars "serait le plus important de ce type jamais effectué", a affirmé mercredi le groupe, qui souligne être déjà le premier contribuable américain.
D'autres entreprises ont fait ces derniers jours des annonces similaires, comme la banque Citigroup, qui a annoncé 22 milliards de dollars de charges exceptionnelles mardi.
L'annonce d'Apple, première capitalisation boursière mondiale à plus de 910 milliards de dollars, ne devrait pas avoir d'impact significatif sur sa santé financière. Le groupe avait publié début novembre un bénéfice net annuel de 48,3 milliards (+5,8%) pour un chiffre d'affaires de 229 milliards.
Le titre a fini mercredi en hausse de 1,65% à 179,10 dollars à Wall Street.
Nouveau campus
Mercredi, le fabricant de l'iPhone a aussi assuré qu'il comptait investir directement plus de 30 milliards de dollars aux Etats-Unis dans les cinq ans (via ses fournisseurs et sous-traitants ou dans des "data centers") et "créer plus de 20.000 emplois".
Ces embauches se feront notamment via un nouveau "campus" destiné dans un premier temps à accueillir les services d'assistance technique aux clients du groupe. Son implantation géographique, qui ne devrait pas manquer de susciter les convoitises de villes et Etats américains, sera précisée cette année, dit encore Apple, qui emploie déjà directement 84.000 personnes aux Etats-Unis.
Au total, Apple estime qu'il contribuera "directement à l'économie américaine" à hauteur de "plus de 350 milliards de dollars" dans les cinq années qui viennent.
Une source proche d'Apple a par ailleurs indiqué que le groupe allait distribuer 2.500 dollars (en actions) de bonus à ses salariés, comme l'avaient fait d'autres entreprises après le vote de la réforme fiscale, favorable aux entreprises.
Parallèlement, Apple fait partie, comme d'autres géants technologiques, des multinationales dans le viseur des autorités européennes, qui les accusent notamment d'optimisation fiscale pour diminuer leurs impôts en Europe et cherchent à les imposer plus durement.
Dans ce cadre, le gouvernement irlandais a annoncé début décembre avoir trouvé un accord avec Apple afin de commencer à collecter les 13 milliards d'euros d'avantages fiscaux jugés indus par Bruxelles.
En novembre, Apple faisait partie des entreprises et personnalités nommées dans les "Paradise Papers", une série de documents ayant fuité dans la presse détaillant certaines pratiques "d'optimisation fiscale".
Le groupe avait reconnu avoir placé ses liquidités à l'abri des taxations à Jersey. Un choix mû par sa volonté de payer à terme l'essentiel de ses impôts aux Etats-Unis, avait-il plaidé.
Avec AFP