Les fans étaient restés sur leur faim en janvier, Netflix n'ayant livré que les cinq premiers épisodes de la première saison (réalisés par Louis Leterrier et Marcela Said), dont le tournage avait été interrompu au printemps 2020 par le confinement.
On y quittait Assane Diop - admirateur d'Arsène Lupin ancré dans le Paris d'aujourd'hui qui s'inspire de son héros pour venger la mort de son père accusé à tort d'un crime - désemparé après la disparition de son fils à Etretat.
La nouvelle fournée de cinq épisodes, mise en scène par Ludovic Bernard ("10 jours sans maman") et Hugo Gélin ("Demain tout commence"), s'avère dès lors plus sombre.
Assane se retrouve "dans une situation conflictuelle entre son désir de venger son père et celui d'être un bon père", a expliqué le scénariste britannique George Kay (Criminal, Killing Eve) lors d'une table ronde organisée par Netflix.
Mais l'auteur, qui a collaboré avec le Français François Uzan ("Family Business"), a souhaité maintenir son programme, familial, "aussi divertissant que possible".
- 76 millions de foyers -
Le contrat semble rempli malgré des péripéties souvent invraisemblables compensées par la qualité du casting (Ludivine Sagnier, Hervé Pierre, Clotilde Hesme, Antoine Gouy, Shirine Boutella, Soufiane Guerrab...)
L'exploitation jubilatoire de la capitale (Musée d'Orsay, catacombes, Théâtre du Châtelet où se joue une symphonie composée spécialement par Mathieu Lamboley...) devrait ainsi ravir les plus impatients, nombreux à en croire les données communiquées par Netflix.
Avec 76 millions de foyers ayant regardé "Lupin" dans les 28 jours suivant sa sortie, la fiction produite par Gaumont a détrôné les braqueurs espagnols de "La casa de papel" (65 millions de visionnages sur 28 jours pour sa partie 4), série non anglophone la plus populaire de la plateforme.
Doublée dans une quinzaine de langues et sous-titrées dans une trentaine, "Lupin" s'est aussi classé numéro 1 dans une dizaine de pays dont les Etats-Unis. Une première pour une série tricolore, qui conforte Netflix dans sa stratégie de production de contenus hexagonaux (inaugurée en 2016 avec la très critiquée "Marseille"), à la veille de nouvelles obligations de financement dans la création française.
Ce tour de force, pour un classique de la littérature moult fois porté à l'écran, fait aussi le bonheur des libraires.
- ADN populaire -
Les ventes d'ouvrages de Maurice Leblanc, réédités par plusieurs éditeurs, ont explosé avec la série.
En cinq mois, 100.000 exemplaires de la réédition par Hachette Romans d'"Arsène Lupin, gentleman-cambrioleur", dont la couverture rappelle le livre utilisé par Assane, en partenariat avec Netflix, ont ainsi été vendus, a indiqué à l'AFP la directrice de la maison d'édition, Cécile Térouanne.
S'y ajoutent, selon elle, 20.000 ventes du titre en Livre de poche jeunesse (Hachette), à comparer aux 2.000 exemplaires écoulés en 2020.
Pour la partie 2 de "Lupin", Hachette Romans publiera mercredi "L'aiguille creuse" dans "la même facture" que le "Gentleman cambrioleur", tiré d'emblée à 100.000 exemplaires pour éviter les ruptures de stocks rencontrées cet hiver, précise Cécile Térouanne, ravie de voir "les jeunes lecteurs s'emparer" d'un classique à l'ADN populaire.
Comment expliquer un tel succès? "Je ne sais vraiment pas", a répondu Omar Sy lors de la table ronde, "c'est juste magnifique" a-t-il ajouté, "espérant" que cela permettrait de changer la donne en matière de diversité dans la fiction française.
"C'est bien fait, bien documenté", estime de son côté le président de l'association des amis d'Arsène Lupin, Pierre-Antoine Dumarquez, appréciant les nombreux "clins d'oeils" aux lupinophiles.
La série a en tout cas bénéficié d'une habile campagne de communication sur les réseaux sociaux, usant régulièrement d'énigmes comme son héros.
Dernière en date : la présence, dans une bande-annonce, d'un lien vers un site web (http://assane-diop.com), confirmant le retour d'Assane... pour une partie 3.